Les Français ont commencé à voter dimanche matin au premier tour des élections législatives, où la gauche part favorite, un mois après l'arrivée du socialiste François Hollande à la présidence. Le taux de participation atteignait 21,06% hier à 10h00 GMT, en baisse tant par rapport au précédent scrutin de 2007 à la même heure (22,56%) que comparativement au premier tour l'élection présidentielle, le 22 avril (28,29%). Le scrutin s'est ouvert à 08h00 (06h00 GMT) et se clôturera dans les grandes villes à 20h00 (18h00 GMT). Environ 46 millions d'électeurs sont appelés aux urnes. La gauche est donnée largement en tête par tous les sondages, mais l'enjeu est de savoir si le parti socialiste et ses alliés écologistes obtiendront la majorité absolue où s'ils devront s'appuyer sur la gauche radicale. Le nouveau président François Hollande, élu le 6 mai, avait appelé les Français à lui donner «une majorité large, solide, cohérente» pour mettre en oeuvre ses promesses de campagne. Il a voté dans son fief électoral de Tulle (centre) sans faire de déclaration et doit repartir pour Paris dans l'après-midi. La patronne du parti socialiste, Martine Aubry s'est, elle dite, «confiante» en votant à Lille (nord), évoquant néanmoins une certaine «inquiétude» quant à la participation. «Je suis serein», a déclaré pour sa part le dirigeant de l'UMP (droite) Jean-François Copé après avoir voté à Meaux, en région parisienne, où il est candidat. Il avait appelé ces derniers jours à «élire dès maintenant une majorité de députés de droite pour empêcher l'irréparable, pour ne pas anéantir ce qui a été fait». La France est régie par un système hybride, semi-présidentiel, mais qui devient largement parlementaire si le chef de l'Etat ne dispose pas d'une majorité à l'Assemblée nationale. C'est le Premier ministre qui détient alors la majorité des pouvoirs. Les enquêtes d'opinion convergent très largement sur le niveau d'intentions de vote: les socialistes et les divers gauche à 31,5-32%, les écologistes à 5-5,5%, la gauche radicale à 7,5-8%, l'extrême gauche à 1-1,5%, la droite entre 33,5 et 35% et l'extrême droite à 15-16%. La clé du scrutin sera dans le degré de mobilisation des électeurs, dont 60% seulement pourraient se déplacer alors qu'ils ont été près de 80% à voter à la présidentielle. Le taux de participation aura aussi un impact sur l'influence du Front national (extrême droite), dans la foulée des 17,9% de Marine Le Pen à la présidentielle. Absent de l'Assemblée depuis 1988, le Front national espère obtenir quelques élus dans ses places fortes du sud-est ou du nord, mais cela est loin d'être acquis, du fait du mode de scrutin, majoritaire à deux tours, qui lui fait payer son isolement politique. Marine Le Pen elle-même trouvera sur sa route à Hénin-Beaumont (nord), outre un socialiste, le leader de la gauche radicale, Jean-Luc Mélenchon, venu chercher une revanche sur la présidentielle où il avait échoué à la devancer. A défaut d'avoir des députés, le Front national espère se maintenir dans un maximum de circonscriptions au second tour pour provoquer un débat sur la «recomposition de la droite» dont une partie pourrait être tentée localement de faire alliance avec lui contre la gauche. Mais si l'abstention est aussi élevée qu'envisagée, ces cas de «triangulaires» pourraient être limités car un candidat doit obtenir au moins les votes de 12,5% des électeurs inscrits pour se maintenir au second tour le 17 juin.