À en croire les prévisions des sondages d'opinion, le nouveau président français, François Hollande, devrait obtenir une majorité lui permettant de gouverner à l'aise durant son quinquennat. Quarante-six millions d'électeurs sont appelés aux urnes aujourd'hui pour le premier tour des élections législatives en France, où la gauche part favorite, un mois après l'arrivée du socialiste François Hollande à la présidence. Le gouvernement pourrait être contraint de négocier à l'Assemblée ses réformes avec la gauche radicale, dont la principale composante est le Parti communiste qui a refusé d'entrer au gouvernement et espère renforcer son poids après les 11% obtenus par son candidat Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle. Ceci étant, les enquêtes d'opinion convergent très largement sur le niveau d'intentions de vote : les socialistes et les divers gauche à 31,5-32%, les écologistes à 5-5,5%, la gauche radicale à 7,5-8%, la droite entre 33,5 et 35%, et l'extrême droite à 15-16%. François Hollande, qui n'a pas pris part à la campagne, a encore appelé jeudi les Français à lui donner “une majorité large, solide, cohérente”, pour mettre en œuvre ses promesses. “Si la gauche gagne, pendant cinq ans nous ne pourrons rien faire pour empêcher leur folie”, a lancé pour sa part le patron de l'UMP (droite), Jean-François Copé, pour qui il faut “élire dès maintenant une majorité de députés de droite à l'Assemblée nationale pour empêcher l'irréparable, pour ne pas anéantir ce qui a été fait”. La clé du scrutin sera dans le degré de mobilisation des électeurs, dont environ 60% seulement pourraient se déplacer alors qu'ils ont été 80% à voter à la présidentielle. Le taux de participation aura aussi un impact sur l'influence du Front national (extrême droite), dans la foulée des 17,9% de Marine Le Pen à la présidentielle. Absent de l'Assemblée depuis 1988, le Front national espère obtenir quelques élus dans ses places fortes du Sud-Est ou du Nord, mais cela est loin d'être acquis, du fait du mode de scrutin, majoritaire à deux tours, qui lui fait payer son isolement politique. Marine Le Pen elle-même trouvera sur sa route à Hénin-Beaumont, outre un socialiste, le leader de la gauche radicale, Jean-Luc Mélenchon, venu chercher une revanche sur la présidentielle où il avait échoué à devancer la patronne de l'extrême droite. À défaut d'avoir des députés, le Front national espère se maintenir dans un maximum de circonscriptions au second tour pour provoquer un débat sur la “recomposition de la droite” dont une partie pourrait être tentée localement de faire alliance avec lui contre la gauche. Mais si l'abstention est aussi élevée qu'envisagée, ces cas de “triangulaires” pourraient au final se limiter à quelques dizaines, car un candidat doit obtenir au moins les votes de 12,5% des électeurs inscrits pour se maintenir au second tour. 6603 candidats se disputent les 577 sièges de députés avant le deuxième tour, le 17 juin. Particularité du scrutin cette année, onze circonscriptions représentent les Français de l'étranger, appelés pour la première fois à participer à un scrutin national par internet, à côté du vote dans l'urne et du vote par correspondance.Parmi les personnalités en situation délicate, le centriste François Bayrou aura du mal à conserver son siège dans les Pyrénées-Atlantiques (Sud-Ouest) après sa contre-performance à la présidentielle (9%). Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, lui-même candidat à Nantes (Ouest), a averti que les membres du gouvernement battus devront quitter leur poste. Les 24 ministres candidats se présentent cependant tous dans des circonscriptions où François Hollande l'a emporté. R. I./Agences