Les représentants de 29 pays se retrouvent aujourd'hui à Kaboul pour évoquer l'avenir de l'Afghanistan, notamment après le retrait prévu de l'Otan à la fin 2014, une rencontre qui devrait mettre la pression sur le Pakistan voisin, accusé de parrainer les rebelles taliban afghans. Ce sommet d'une journée intervient plus de six mois après celui d'Istanbul, déjà consacré au futur de l'Afghanistan, et au moment où Washington, principal allié du gouvernement de Kaboul face aux rebelles taliban, appelle de nouveau le Pakistan à éradiquer les refuges de combattants islamistes installés chez lui. Les Etats-Unis comme le président afghan Hamid Karzaï expliquent régulièrement que le conflit afghan, déjà vieux de dix ans, ne pourra être résolu sans plus de coopération régionale, notamment pour éradiquer les sanctuaires terroristes. Ils présentent souvent le Pakistan comme l'acteur-clé à ce niveau, notamment parce que les zones tribales du nord-ouest pakistanais, frontalières de l'Afghanistan, abritent ou servent régulièrement de base arrière à des taliban afghans, notamment à l'une de leurs plus puissantes composantes, le réseau Haqqani. Début juin, le secrétaire américain à la Défense, Leon Panetta, a affirmé que les Etats-Unis étaient «à court de patience» quant au fait que «le Pakistan continue d'autoriser le réseau Haqqani à rester sur son territoire». Jeudi, «le gouvernement afghan saisira l'occasion de cette conférence pour mettre davantage de pression sur le Pakistan», qui y sera représenté, assure Najib Mahmood, professeur de sciences politiques à l'université de Kaboul. Le Pakistan soutenait les taliban du temps où ceux-ci gouvernaient l'Afghanistan (1996-2001). Kaboul et Washington accusent Islamabad de mener un double jeu en soutenant officieusement l'insurrection taliban pour préserver ses intérêts stratégiques dans la région, notamment en vue du départ de l'Otan, tout en restant officiellement allié aux Etats-Unis. L'an passé, le chef militaire américain, l'amiral Mike Mullen, avait ainsi décrit le réseau Haqqani - qui a fait allégeance au Mollah Omar, chef suprême des taliban - comme le «véritable bras armé» de l'ISI, l'agence de renseignement pakistanaise. Islamabad, lui aussi aux prises avec une violente insurrection taliban chez lui, nie de son côté toute collusion avec les islamistes.