[Une anarchie totale a caractérisé la tenue de cette réunion à huis clos]Une anarchie totale a caractérisé la tenue de cette réunion à huis clos Devant le blocage de la situation, le comité des sages a improvisé une réunion qui a duré plus de trois heures avec Belkhadem. Aucun compromis n'a été trouvé. Bagarre, engueulades, insultes et vulgarités. Tel a été le climat qui a précédé la réunion du comité central, l'une des plus importantes instances du FLN. Une ambiance détestable, écoeurante quand on sait que c'est ce parti qui gérera le pays vu qu'il est majoritaire à l'Assemblée populaire nationale. Les travaux du CC devaient commencer hier, à 8h du matin, mais une confusion et une anarchie totale ont caractérisé la tenue de cette réunion à huis clos. Hier à 16h, c'était toujours l'impasse. La réunion entre le secrétaire général, Abdelaziz Belkhadem et le comité des sages composé de MM.Affane Kezzane, Abderrazak Bouhara, Mohamed Boukhalfa, Ahmed Sebaa et Abdelkader Hadjar, pour trouver une issue au blocage, n'a abouti à rien. Belkhadem fait toujours la sourde oreille et ne veut, pour le retrait ou le renouvellement de confiance, aucune autre forme de vote qu'à main levée. Mais les contestataires, déterminés à en finir avec le secrétaire général, lui ont offert une autre issue plus honorable: la démission. Mais comment les choses en sont arrivées là? Le film de la réunion Les membres du comité central commencent à arriver à l'hôtel Riadh dès les premières heures de la matinée. Un dispositif très impressionnant de la gendarmerie a été déployé sur la route longeant l'hôtel pour faire face à d'éventuels débordements. L'entrée de l'hôtel a été bouclée par un cordon humain qui veille à ce que seuls les membres du CC y accèdent. A l'extérieur, un rassemblement des contestataires de Belkhadem s'est déjà formé. Un seul point est posé à l'ordre du jour: départ de M.Belkhadem qui est traité de tous les noms par les protestataires. «Belkhadem est un corrompu. Il doit partir pour le bien du parti, des militants et du pays», lance l'un des protestataires. Un autre ajoute: «Dans son opportunisme et sa stratégie de la chkara, il est allé jusqu'à importer un président pour le groupe parlementaire comme si le FLN n'avait pas de militants.» Les protestataires haussent le ton. La tension aussi. Et la sentence tombe. «On ne veut de lui ni comme Premier ministre ni, ce qui est pire, président de la République», tranche un autre protestataire. A 9h, la tension monte d'un cran lorsque les agents de sécurité, «recrutés par Belkhadem parmi les baltaguia et les videurs des boîtes de nuit», selon les contestataires, tentaient d'empêcher les photographes de la presse de prendre des photos. «Pourquoi ne veulent-ils pas laisser la presse y accéder. Ils ont peur», a-t-on entendu. La tension entre les journalistes et les agents de sécurité monte crescendo et, à plusieurs reprises, l'accrochage a failli avoir lieu. Les journalistes dénoncent alors ce traitement et s'en sont pris à la direction du FLN qui a décidé de tenir à huis clos la réunion. «Belkhadem dégage!» A 9h passées de quelques minutes, Boudjemâa Haïchour, l'un des meneurs de la contestation, arrive sur les lieux. La foule crie «dégage» (Belkhadem, Ndlr). Quelques minutes après, soit à 9h33, le secrétaire général du FLN vivra les plus pires moments de sa vie. Sa voiture, qui vient d'arriver, a été attaquée par la foule sous les cris de «dégage». Le chauffeur accélère et de nouveau, cela a failli dégénérer à l'intérieur comme à l'extérieur de l'hôtel. «Il «Belkhadem» dit qu'il faut passer le flambeau aux jeunes alors qu'il s'y accroche comme une pieuvre», lance un jeune. A 9h 48, les deux membres du CC exclus, Mohamed Seghir Kara et El Hadi Khaldi, arrivent. Les cris de «dégage» reprennent. Mais, à ce moment-là, quelques fidèles à Belkhadem font leur apparition. Les deux hommes sont empêchés de rentrer malgré toutes leurs tentatives. Les esprits s'échauffent. «J'invite les militants à ne pas provoquer l'affrontement. On a confiance en ceux qui sont à l'intérieur. Ne pas gâcher la fête. Belkhadem va partir aujourd'hui», a lancé M.Khaldi. Khaldi et Kara sont encerclés par les journalistes et les contestataires. La route est carrément fermée et les gendarmes prient les automobilistes de faire le détour. Le ministre de l'Enseignement et de la Formation professionnels accuse Belkhadem de corruption. Il lui demande de répondre publiquement aux déclarations de l'un des hommes les plus proches de lui, Abdelhamid Si Affif en l'occurrence, qui affirmait détenir des dossiers compromettants contre Belkhadem. Si Afif avait fait ces déclarations lorsqu'il était dans l'opposition à Belkhadem pour protester contre son exclusion des listes électorales du parti. «Si Si Affif a menti, il doit passer devant la commission de discipline», a ajouté M.Khaldi. D'autres contestataires demandent des enquêtes sur ce membre du bureau politique qui détient un petit quotidien national où il a exploité des journalistes avant de les licencier sans même leur donner leurs papiers. «Au nom de qui il a ouvert un journal. A-t-il les conditions requises?», se demande un contestataire. C'est dire que toutes les conditions sont réunies pour transformer la salle où devaient s'ouvrir les travaux en ring. La tension est à son comble. Le ring De l'intérieur de la salle fusent des cris: «Dégage, dégage, dégage!». Il est 10h15. Que s'y passe-t-il? Contesté, le secrétaire général du parti croyait naïvement que c'est lui qui allait ouvrir les travaux. Mal lui en prit. La majorité des membres du CC demandent son départ. Belkhadem est empêché d'entrer à la salle qui s'est transformée en l'espace de quelques minutes en un véritable ring. «Des affrontements dangereux», selon l'ex-député Hocine Khaldoun, ont eu lieu entre partisans et opposants de Belkhadem. Les contestataires demandent de passer directement à l'épreuve de l'urne à bulletin secret et de permettre aux membres exclus de rejoindre la salle. Les deux demandes ont essuyé un refus catégorique de la part de l'ex-président de l'APN. Les contestataires ont alors occupé l'estrade de la salle. «Il n'y aura aucune session du CC s'il refuse le vote à bulletin secret», menace Khaldoun. Belkhadem, qui veut un vote à main levée persiste toujours dans sa position initiale. La veille, il s'est engagé à respecter ce mode de vote avant de se désengager à la dernière minute. C'est le blocage total. Et la solution? Le comité des sages (MM. Affane Kezzane, Abderrazak Bouhara, Mohamed Boukhalfa, Ahmed Sebaâ et Abdelkader Hadjar) a alors improvisé une réunion avec Belkhadem pour le raisonner et trouver une issue à l'impasse. Les conciliabules ont duré plus de 3 heures. En vain, puisque les deux camps campent toujours sur leur position. A 13h30, M.Hadjar sort de la salle et refuse de faire la moindre déclaration. Relancé à sa sortie de l'hôtel, il déclare que le FLN a connu plusieurs crises et que les entretiens avec Belkhadem devraient reprendre dans l'après-midi. Le coordinateur du Mouvement de redressement, Abdelkrim Abada, reprend un seul slogan: «Dégage» à l'adresse de Belkhadem. Salah Goudjil réitére pour sa part que «Belkhadem doit partir». Mais comment? Pour ménager une sortie honorable au SG, des membres du CC lui proposent de démissionner tout simplement. Belkhadem, qui s'accroche au rêve présidentiel, va-t-il céder? En tout état de cause, il est difficile d'imaginer une issue à cette session du CC dont les travaux peinent à s'ouvrir.