Au lendemain de la décision du Conseil de sécurité de l'ONU qui a écarté une intervention militaire au Mali, affichant des doutes sur la nécessité d'une telle démarche pour trouver une issue à la crise politico-sécuritaire qui secoue le pays, l'organisation armée Ansar Eddine a dépêché une délégation au Burkina Faso pour aborder la situation qui prévaut au Mali avec le président burkinabé, Blaise Compaoré, médiateur de l'Afrique de l'Ouest dans ce conflit. La rencontre devait avoir lieu, vendredi, à Ouagadougou. C'est ce que déclarait en tout état de cause Oumar Ag Ahmed, l'un des porte-parole d'Ansar Eddine. «Nous avons une délégation qui est en route pour Ouagadougou pour rencontrer le médiateur Blaise Compaoré pour parler de la crise», qui portera, a-t-il ajouté, sur le rétablissement de la paix au nord du Mali. Le 9 juin, une délégation du Mouvement national de libération de l'Azawad (Mnla, rébellion touarègue), qui fait partie des groupes armés qui occupent et contrôlent le nord du Mali, avait déjà eu des discussions portant sur le même contexte avec le médiateur de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), à l'issue de laquelle le Mnla qui revendique une partition du Mali s'était déclaré disponible pour des négociations pour un retour de la paix. Que peut-on attendre de ces discussions? Quelle solution pour sortir rapidement de cette crise? Pour les personnalités maliennes reçues à Alger, deux hauts gradés de l'Armée malienne et un diplomate, «l'unique voie salutaire consiste en l'engagement d'un dialogue élargi aux représentants réels des populations, et non pas aux groupes armés terroristes (Al Qaîda au Maghreb et Mujao) et leurs complices». Les Maliens semblent de plus en plus favorables aux initiatives proposées par l'Algérie, qui continue de jouer un rôle pivot pour le rétablissement de la situation au Mali, jugeant qu'une intervention militaire est la pire aggravation que puisse vivre le Mali. Le rôle de l'Algérie, qui contribue depuis deux décennies au règlement des crises du Mali, est considéré comme un facteur incontournable dont le gouvernement malien attend beaucoup, dans la mesure où la sécurité de l'Algérie est autant menacée vu les développements que connaît son voisin du Sud. Un terrain incontestablement miné par la présence des éléments d'Al Qaîda au Maghreb (Aqmi), des réseaux du crime organisé qui s'adonnent à tous genres de trafics et la prolifération d'armes lourdes en provenance de Libye. Par ailleurs, des stratèges bien avertis, estiment que la mésentente entre Ansar Eddine et le Mnla est une aubaine à saisir pour déclencher rapidement une action diplomatique, devant permettre de rétablir l'ordre et ramener la paix. D'abord par la remise sur rails de l'application de la Constitution, le redressement de la situation, par un processus d'accord entre les putschistes à l'origine de la crise et le gouvernement actuel et entamer des pourparlers avec les rebelles touareg pour un traité permettant d'asseoir la paix sur des bases solides. Avec de la volonté et une bonne foi, estiment nos sources, les organisations terroristes sont à même d'être exclues de toute approche de négociations, dont elles espèrent tirer profit.