Un lauréat du Prix Nobel de la paix, l'écrivain américain Elie Wiesel, d'origine roumano-hongroise et un survivant de l'Holocauste, a renvoyé une décoration au gouvernement hongrois en raison de la réhabilitation d'anciens nazis, dans une lettre publiée mardi dans l'hebdomadaire Magyar Narancs. Elie Wiesel, âgé de 83 ans et Prix Nobel en 1986, s'y déclare «scandalisé » par la participation du président du parlement hongrois, Laszlo Kövér, membre du parti au pouvoir (Fidesz) du Premier ministre conservateur, Viktor Orban, à une cérémonie en vue du rapatriement dans son village natal (aujourd'hui en Roumanie) des cendres d'un ancien écrivain hongrois pro-nazi, Jozsef Nyiro. « Je suis inquiet et scandalisé par le fait que vous ayez participé, aux côtés du secrétaire d'Etat pour la culture, Geza Szöcs, et du président du parti d'extrême droite Jobbik, Gabor Vona, à la cérémonie organisée pour Jozsef Nyiro, qui était membre de la direction des Croix fléchées », l'organisation fer de lance des nazis hongrois pendant la Deuxième guerre mondiale, a indiqué le Prix Nobel dans une lettre adressée à Laszlo Kövér. « Pour cette raison, je vous renvoie ma décoration, la Grand-Croix de la République hongroise, que j'ai reçue en 2004 », conclut le Prix Nobel de la paix. Pour sa part, le gouvernement hongrois considère « l'affaire Nyiro » comme « non-politique », il s'agirait seulement d'une « question de dernier hommage ». L'amiral Miklos Horthy (1868-1957) avait été le Régent de la Hongrie de 1920 à 1944 et allié à la dictature nazie. Tombé en disgrâce auprès d'Adolf Hitler, il avait été limogé en 1944 par les nazis qui avaient porté au pouvoir Ferenc Szalasi (1897-1946), le dirigeant des Croix fléchées. Sous la régence de Horthy-Szalasi, des lois anti-juives avaient été adoptées dès les années vingt et plus particulièrement en 1938. Au total, plus de 500.000 Hongrois d'origine juive avaient été victimes de l'Holocauste. Elie Wiesel et sa famille avaient été déportés par les nazis et les fascistes hongrois en 1944 dans le camp d'extermination d'Auschwitz, en Pologne, où son père, sa mère et et une de ses trois sœurs avaient été assassinés.