C'est une vraie «révolution dans les bureaux de vote» hongrois. C'est par ces termes que le chef de la droite conservatrice en Hongrie, Viktor Orban, a désigné le raz-de-marée électoral de son parti, le Fidesz. Fort d'une majorité des deux tiers des sièges au Parlement, à l'issue du second tour des élections législatives de dimanche dernier, M. Orban a su reconduire son parti au sommet du pouvoir. Le Fidesz a remporté 263 sièges sur 386, s'assurant, ainsi, le contrôle total du pouvoir législatif. Trois circonscriptions seulement, sur 176, lui ont échappé. Deux à Budapest, où le Parti socialiste MSZP, jusqu'alors au pouvoir, a pu sauver un ultime réduit, portant à 59 le nombre de ses députés ; et la région déshéritée de Edelény, dans le nord du pays, une région qui, malgré l'investissement personnel de M. Orban, a accordé la victoire à un candidat indépendant, Oszkar Molnar. Le parti anti-européen Jobbik, habitué des diatribes contre les juifs et les Tziganes, devient d'emblée la troisième force parlementaire, avec 16,7 % des voix. Il n'a réussi nulle part à devancer la droite, mais peut aligner désormais un groupe de 47 députés. La jeune formation LMP («Une autre politique est possible»), d'orientation écologiste libérale, entre, elle aussi, au Parlement avec 16 députés. Pour le grand vainqueur du scrutin du 25 avril, M. Orban, la cuisante défaite des socialistes et le triomphe d'une droite attachée à la défense des minorités magyares en Europe mais aussi à la «préférence nationale» par rapport aux entreprises étrangères, marquent une réelle rupture. Selon lui, le Fidesz est appelé aujourd'hui à «représenter l'ensemble du politique en Hongrie : il lui faut pratiquer une politique nationaliste, avec des gestes forts comme l'octroi de la citoyenneté aux Hongrois vivant à l'extérieur des frontières, mais aussi une politique sociale». Ce changement politique en Hongrie implique certainement beaucoup de chamboulements législatifs, notamment les lois électorales, celle sur le gouvernement local ou la loi sur les médias. Avec une majorité de 258 sièges parlementaires, le Fidesz pourra s'offrir toutes les réformes qu'il souhaite. La relance de la croissance et de l'emploi ne sera toutefois pas facile à opérer. La marge de manœuvre, de l'aveu de tous les spécialistes reste très étroite. Seul un prêt de 20 milliards d'euros du Fonds monétaire international (FMI) et de l'Union européenne avait pu sauver le pays de la faillite, fin 2008. Il faudra, selon des observateurs économiques, desserrer un peu la discipline budgétaire, sans laisser filer le déficit, qui pourrait atteindre 7% du PIB en 2010. Une réforme drastique de l'Etat et de l'Administration. Quant aux baisses d'impôt promises par le Fidesz, elles risquent de rester au registre des promesses électorales non tenues. Pour M. Orban, le temps est encore à l'euphorie de la victoire.