Le président hongrois Pal Schmitt, au cœur d'un scandale de plagiat sur son travail universitaire de doctorat, a annoncé lundi sa démission devant le Parlement. "Puisque selon la Constitution, la personne du président doit représenter l'unité de la nation hongroise, et que ma personne est malheureusement devenue synonyme de division, je sens que mon devoir est d'abandonner mon poste", a-t-il déclaré devant les députés. "Je sens que mon devoir est (...) de rendre mon mandat de président", a-t-il dit. Ce fidèle du Premier ministre conservateur Viktor Orban avait dans un premier temps refusé de démissionner après s'être vu retirer la semaine dernière son doctorat, jugeant qu'il n'y avait "pas de rapport" entre sa thèse et sa fonction de chef de l'Etat. Le Sénat de l'Université Semmelweiss de Budapest avait retiré le 29 mars le titre de docteur au chef de l'Etat hongrois, qualifiant de "plagiat" sa thèse sur l'histoire des jeux Olympiques qu'il avait soutenue il y a 20 ans. Le Sénat avait justifié sa décision en affirmant que la thèse du doctorat ne répondait "pas aux méthodes scientifiques, ni éthiques". M. Schmitt a déclaré devant les députés avoir "fait un travail honnête" et a jugé que l'université n'avait "pas le droit" de le priver de son titre de docteur. Il a aussi annoncé son intention de préparer une nouvelle thèse de doctorat avec comme sujet les sports et le respect de l'environnement. Les partis de l'opposition se sont félicités de la décision de M. Schmitt, qui met fin à un scandale préjudiciable, selon eux, à l'image du pays. Selon Attila Mesterhazy, le président des socialistes (MSZP), la décision de M. Schmitt était "une décision attendue depuis plusieurs jours par le pays tout entier". Il a suggéré au Fidesz de proposer à la présidence Laszlo Solyom, qui avait occupé ce poste entre 2005 et 2010, et qui est reconnu pour son intégrité morale et son professionnalisme. Le parti de Viktor Orban va de facto décider du nouveau président, qui doit être élu au Parlement par une majorité des deux tiers, que détient le parti conservateur. L'hebdomadaire hongrois HVG avait révélé l'affaire en présentant début janvier des passages de la thèse de Pal Schmitt, 69 ans, apparaissant comme une traduction du texte en français d'un expert bulgare, Nikolaï Georgiev: "La reprise du travail du Bulgare Georgiev, sur 180 des 215 pages de la thèse de Pal Schmitt, relève du soupçon de plagiat". En 2011, en Allemagne, une retentissante affaire de plagiat pour une thèse universitaire avait contraint à la démission le ministre de la Défense, Karl-Theodor zu Guttenberg, alors la personnalité politique montante au sein des partis conservateurs CDU-CSU (Union chrétienne-démocrate et Union chrétienne-sociale).