Après huit années passées dans l'opposition, le parti de droite hongrois Fidesz a remporté dimanche dernier une écrasante victoire au premier tour des élections législatives en Hongrie. Son leader, Viktor Orban est, quant à lui, en passe de retrouver son siège de Premier ministre. Comme le prévoyaient les sondages, le parti Fidesz a remporté une très large victoire aux législatives tandis que l'extrême droite a réussi une percée et fait son entrée au Parlement. Les conservateurs, arrivés en tête au premier tour avec 52,77% des suffrages, sont assurés d'obtenir au moins 206 sièges sur les 386 que compte le Parlement. Les socialistes ne récoltent que 19,29% des voix, contre plus de 43% en 2006. Quant à l'extrême droite, elle crée véritablement la surprise en obtenant 16,71% des votes. Gros désaveu donc pour les socialistes du Mszp, au pouvoir depuis 8 ans et désormais relégués au rang de première force d'opposition. Leur gestion minutieuse des finances publiques, qui a permis de sortir le pays de la crise, ne semble pas avoir convaincu les Hongrois. Les ultra-nationalistes de JOBBIK, formation créée il y a tout juste 7 ans, deviennent officiellement la troisième force politique du pays. Le résultat de dimanche dernier leur permet même de faire leur entrée au Parlement pour la première fois. Il faudra cependant attendre le deuxième tour, le 25 avril, pour savoir si le Fidesz disposera de la majorité des deux tiers dans la nouvelle assemblée, ce qui lui permettrait de réviser la Constitution. Son charismatique dirigeant, l'ex-Premier ministre Viktor Orban, âgé de 46 ans, a ainsi réussi à prendre sa revanche sur les socialistes et à mettre un terme à son purgatoire de huit années dans l'opposition. «Les Hongrois ont choisi l'union, la sécurité et l'ordre, ils ont voté pour la Hongrie, pour l'avenir», a-t-il lancé sous les applaudissements de plusieurs centaines de fidèles dans le centre de Budapest dimanche soir. «Aujourd'hui, les Hongrois ont vaincu le désespoir», a-t-il ajouté, tout en reconnaissant qu'il était conscient de «l'immense défi auquel [il allait] devoir faire face». Grand perdant de ces législatives, le Parti socialiste, Mszp, qui se maintient à la deuxième place avec 19,29% des voix, a subi une chute spectaculaire par rapport à ses 43,21% de 2006. «Nous sommes maintenant la force la plus importante de l'opposition et nous allons défendre nos résultats obtenus dans la gestion de la crise» économique, a souligné sa présidente, Ildiko Lendvai. Dernier arrivé dans l'arène politique, le petit parti de la gauche écologiste, LMP, créé en 2009, a réussi, contrairement aux prévisions des sondages, à franchir la barre des 5% des voix nécessaires pour être représenté au Parlement. Avec une campagne axée sur le mot d'ordre «la politique peut être différente», il a obtenu un succès d'estime de 7,42% des suffrages. Les électeurs hongrois ont été moins nombreux à se rendre aux urnes pour ce premier tour avec un taux de participation de 64,29% contre 67,83% au premier tour des législatives de 2006. Ce scrutin s'était alors soldé par une défaite de justesse du Fidesz à 42,03% contre 43,21% aux socialistes. Depuis le départ des libéraux de la coalition gouvernementale, en avril 2009, le pays était dirigé par un gouvernement socialiste minoritaire conduit par un Premier ministre technocrate et sans parti, Gordon Bajnai. La Hongrie avait été sauvée in extremis de la faillite en octobre 2008 par un prêt de 20 milliards d'euros du Fonds monétaire international (FMI), de la Banque mondiale et de l'Union européenne. Dix-huit mois plus tard, le pays compte parmi ceux dont les finances ont été les mieux assainies grâce à une politique d'économie budgétaire draconienne, imposée par le FMI et l'UE. L'un des principaux enjeux de l'après-législatives est de savoir, compte tenu du cadre fixé par le FMI, quelle politique économique et sociale Viktor Orban mettra en œuvre, alors qu'il a notamment promis la création d'un million d'emplois. Il dispose désormais de 4 ans pour mettre en œuvre ce bien ambitieux défi. G. H.