La télévision d'Etat a indiqué durant la nuit qu'un communiqué officiel serait «bientôt» diffusé sur la santé de l'ancien président, mais il n'était toujours pas publié hier en fin de journée. Les Egyptiens attendaient les résultats de la première présidentielle depuis la chute l'an dernier de l'ex-président Hosni Moubarak, qui se trouvait dans le coma mercredi après son transfert de prison vers un hôpital militaire du Caire. La commission électorale devait tenir aujourd'hui une conférence de presse pour annoncer les résultats du second tour qui s'est déroulé les 16 et 17 juin, après examen des recours déposés par le candidat des Frères musulmans Mohamed Morsi et son rival, le dernier Premier ministre de M.Moubarak, Ahmed Chafiq. Les deux candidats clament chacun avoir remporté la victoire. Le président déchu, âgé de 84 ans, transporté mardi soir de la prison de Tora dans le sud du Caire vers un hôpital militaire proche, se trouve dans le coma et a dû être mis sous assistance respiratoire, ont indiqué dans la nuit des sources médicale et militaire. «Il n'est pas cliniquement mort» comme l'avait annoncé un peu plus tôt l'agence officielle Mena, a déclaré une source médicale. La télévision d'Etat a indiqué durant la nuit qu'un communiqué officiel serait «bientôt» diffusé sur la santé de l'ancien président, qui aurait été victime d'une attaque cérébrale. Le communiqué n'était toutefois toujours pas publié en fin de journée. La santé de M.Moubarak, un tabou sous sa présidence, est sujette à de nombreuses spéculations et informations contradictoires depuis sa chute sous la pression d'une révolte populaire en février 2011. De nombreux Egyptiens soupçonnent le sujet d'être instrumentalisé pour susciter de la compassion envers l'ancien dirigeant ou lui ménager un traitement de faveur, et beaucoup estiment qu'il appartient de toute façon au passé. «Moubarak c'est du passé pour nous. On doit regarder devant nous car il y a de nombreux défis à relever», estime Ihsan, un sympathisant islamiste. L'état de M.Moubarak aurait fortement décliné après son incarcération il y a un peu plus de deux semaines, des sources de sécurité faisant état de dépression aiguë, de difficultés respiratoires et d'hypertension. Sa famille avait demandé qu'il soit transféré pour être détenu dans un hôpital, comme c'était le cas avant sa condamnation le 2 juin à la prison à vie pour la mort de manifestants lors de la révolte de janvier-février 2011 qui l'a poussé à démissionner. Les informations sur une dégradation de sa santé surviennent dans un climat de tensions et d'incertitudes sur le prochain chef de l'Etat. «Ce sont les 48 heures les plus critiques de l'histoire du pays» affirmait le journal gouvernemental al-Ahram. Un groupe de juges indépendants, dirigé par l'ex-président de l'Union des juges Zakaria Abdel Aziz, qui supervisait les opérations de vote, a donné M.Morsi vainqueur de la présidentielle. Mais le prochain président, quel qu'il soit, sera loin d'avoir le pouvoir quasi-absolu dont a bénéficié M. Moubarak pendant ses trois décennies à la tête de l'Egypte. Une «déclaration constitutionnelle complémentaire» promulguée dimanche par le Conseil suprême des forces armées (CSFA), qui dirige le pays depuis seize mois, donne en effet à l'armée de vastes prérogatives, qui réduisent considérablement la marge de manoeuvre du futur président. Le Csfa, qui veut remettre l'exécutif au futur président avant la fin juin, récupère à son compte le pouvoir législatif, après la dissolution la semaine dernière de l'Assemblée dominée par les islamistes au motif d'un vice légal dans le mode de scrutin des législatives. L'armée se réserve aussi le droit d'intervenir dans le processus de rédaction de la future Constitution, pierre angulaire d'un futur équilibre des pouvoirs. Les militaires conservent également de larges pouvoirs en matière de justice et de police, dénoncés par leurs adversaires comme un maintien de fait de l'état d'urgence en vigueur sous M.Moubarak, en principe abrogé depuis quelques semaines. Quelque 15000 personnes, dont de nombreux islamistes, se sont rassemblées mardi soir sur la célèbre place Tahrir, dans le centre du Caire, pour dénoncer le «coup d'Etat constitutionnel» de la junte militaire. Les manifestants ont dénoncé la dissolution de la chambre des députés, et célébré la victoire, selon eux acquise, de Mohamed Morsi à la présidence.