Le premier qui a donné de nouveaux arrangements à la chanson, sans pour autant toucher à son verbe, est le King du raï, cheb Khaled. La chanson bédouine n'est pas morte, elle ne mourra jamais tant qu'elle continuera à trouver des espaces d'expression comme le Festival de la chanson oranaise. Elle vivra aussi longtemps, tant que des cheikhs comme Bendenia continuent à la défendre en la prônant, sans aucune gêne, encore moins de complexes, dans des grandes villes comme la capitale du raï, Oran. En effet, d'aucuns des présents à la troisième soirée du Festival du chant et de la musique oranaises ne s'attendaient à ce que la troupe de Cheikh Bendenia mette l'ambiance. Tout compte fait, puisque ce dernier, accompagné de ses trois complices, sont montés sur scène, en fredonnant, dans une ambiance rythmée, l'une des plus anciennes chansons, Bakhta. Malgré leurs petits instruments, traditionnels, la troupe, qui a donné son show en splendeur, n'est pas passée inaperçue, vu que plusieurs dizaines de férus de la gasba en harmonie, en dansant avec les trois compères de Bendenia, notamment après que la gasba et le galal vrombissaient sous de fortes résonances lâchées par la géante sonorisation de Zinou El Ghoul. Le chant bédouin n'est pas dans une posture d'agonie ni encore moins dans une position de faiblesse telle que perçue par les fans qui se cachent derrière le fallacieux argument de la modernisation de la musique algérienne. Cheikh Bendenia a bien démontré que le chant bédouin est tout aussi moderne puisqu'il a fait vibrer les jeunes des temps soi-disant modernes et ce, grâce à de petits instruments comme le galal, gasba et derbouka. Ce n'est pas tout puisque la chanson interprétée Bakhta, continue à faire le bonheur de tous les auditeurs. La chanson intitulée Bakhta est un hymne qui prêche l'amour et la paix. Cette dernière est compatible avec tous les genres musicaux algériens dont le raï. Le premier artiste qui a donné de nouveaux arrangements à la chanson, sans pour autant toucher au verbe, est le King du raï, cheb Khaled. En tout cas, le chant bédouin est le père légitime de la chanson oranaise. Les grands maîtres et les grands chercheurs dans l'histoire de la musicologie algérienne ont, dans plusieurs oeuvres, confirmé et défendu cette thèse en apportant des arguments concrets. Avant que Cheikh Bendenia n'enchante les présents, le poète Medjahed El Goual est allé loin dans l'histoire de la poésie oranaise en puisant son verbe du grand répertoire du célèbre poète de la région ouest du pays, Cheikh El Khaldi. Le poète Medjahed a déclamé deux poèmes qui lui ont valu l'écoute, la concentration et les forts applaudissements d'un public totalement à l'authenticité. Le premier revient au défunt El Khaldi (1892-1964) tandis que le deuxième intitulé Wahrane, est la création de Cheikh Bensmir. Le deuxième poème est une complainte qui retrace la vie quotidienne de la ville d'Oran dans ses déboires et ses joies tout en dénonçant les mutations sauvages qu'elle continue à subir. Le public étant à sa fin, les organisateurs du festival, en améliorant leur organisation de jour en jour, ont eu la présence d'esprit de faire appel à l'une des forces montantes qui n'est autre que le neveu du King du raï. Il s'agit de Madjid Hadj Brahim, dont la voix n'est pas tout à fait différente de son oncle cheb Khaled. Pour sa part, la chanteuse Khadidja Salhi a, certes, mis de l'ambiance, mais sans pour autant apporter du nouveau. Cette dernière a reposé son show en ressuscitant la chanson Abdelkader ya Boualem. La chanson qui fait les éloges des saints patrons de la région, a, pour rappel, été interprétée durant les années 1990 par le trio Khaled, Faudel et Rachid Taha.