La Syrie a réaffirmé hier que l'avion turc abattu par ses défenses anti-aériennes avait violé son espace aérien, mettant en garde l'Otan, qui se réunit mardi à ce sujet, contre toute agression. Pour ajouter à cette tension, un nouveau général syrien a fait défection en Turquie, portant à 13 le nombre de généraux syriens déserteurs dans ce pays jadis allié de Damas et qui avait coupé les ponts avec le régime du président Bachar Al Assad pour protester contre la répression de la contestation. Sur le terrain en Syrie, le bilan des violences s'alourdit dans les combats entre les rebelles et les mercenaires et les forces armées syriennes Ankara, qui accuse Damas d'avoir abattu l'avion sans avertissement dans l'espace aérien international, a remis une note de protestation officielle à la Syrie, qui a nié toute agression de sa part. «L'avion militaire turc a violé l'espace syrien, les défenses aériennes syriennes ont riposté et (l'appareil) s'est abîmé à l'intérieur des eaux territoriales syriennes. Ce qui s'est passé est une violation flagrante de la souveraineté syrienne», a déclaré le porte-parole du ministère syrien des Affaires étrangères, Jihad Makdessi, lors d'une conférence de presse. La Syrie «ignorait» la nature de la cible abattue vendredi, a-t-il assuré. Plusieurs pays occidentaux, Etats-Unis et France en tête, se sont mobilisés dans cette crise, jugeant l'incident «inacceptable». La secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, a promis de travailler avec Ankara sur une réaction appropriée à cet acte qu'elle a qualifié d' «éhonté», en dénonçant l'absence de respect des autorités syriennes pour «les lois internationales, la vie humaine, la paix et la sécurité». Dans le même temps, un général dont l'identité n'a pas été précisée est entré en Turquie en compagnie de deux colonels et 30 autres soldats et de leurs familles, soit un groupe de près de 200 personnes, selon l'agence de presse turque Anatolie. La Turquie héberge dans le sud du pays plus de 33.000 réfugiés syriens, ainsi que la direction des déserteurs syriens dite «Armée syrienne libre», et les réunions du Conseil national syrien (CNS), la principale coalition de l'opposition syrienne. Les derniers jours ont été particulièrement sanglants en Syrie, avec des bilans approchant ou dépassant la centaine de morts chaque jour. Sur le front diplomatique, l'UE a adopté de nouvelles sanctions contre le régime de Damas, qui visent de nouvelles sociétés et administrations et étendent l'embargo sur les ventes d'armes. Ces mesures viennent s'ajouter à une quinzaine de trains de sanctions successifs édictés par l'UE en un an. La France a souhaité que ces mesures aillent «plus loin» en interdisant notamment les importations de phosphates de Syrie. Le président russe, Vladimir Poutine, est arrivé en Israël pour une visite au Proche-Orient, où il va défendre la position de Moscou sur les grandes crises de la région, en particulier la question syrienne. Depuis le début de la contestation populaire en Syrie en mars 2011, la Russie et la Chine bloquent toute résolution des Nations unies condamnant la Syrie. En Arabie saoudite, les membres du comité exécutif de l'Organisation de la coopération islamique (OCI) ont recommandé la suspension de la Syrie de l'organisation, et son secrétaire général, le Turc Ekmeleddin Ihsanoglu, a mis en garde des possibles répercussions dans la région d'une guerre civile en Syrie.