Si les manifestations sportives apportent une «rentabilité indirecte» en termes de rentrées touristiques, elles ont du mal à remplir les caisses, contrairement aux spectacles musicaux. Barcelone est depuis 20 ans la référence en matière de réussite olympique malgré des investissements énormes pour l'époque, amortis depuis seulement 2007. Barcelone-1992, ce fut d'abord en effet un immense projet de modernisation urbaine, souvent cité en exemple, qui a métamorphosé d'anciens quartiers ou sites industriels et ouvert la ville sur la Méditerranée, avec la construction du port de plaisance et du village olympique en front de mer. Ce sont également des infrastructures coûteuses mais qui fonctionnent encore à plein régime après deux décennies, même s'il a fallu baisser les prix face à la crise. Un modèle pour Londres, Rio, Tokyo Les transports ont en outre bénéficié du chantier, avec un anneau périphérique en partie souterrain reliant les quatre principaux sites olympiques, ainsi qu'un impressionnant réaménagement ferroviaire et aéroportuaire. «Depuis le début, nous avions reconnu que le projet était un prétexte: il s'agissait de faire en six ans ce qui aurait pris 50 ans en temps normal», explique le président du Comité d'organisation des Jeux de Barcelone, Miquel Abad. Depuis, une telle réflexion est devenue monnaie courante parmi les stratèges des candidatures olympiques. Rio (2016), Londres (2012) profitent de l'événement pour remodeler des quartiers sinistrés, tout comme Tokyo, candidate pour 2020, compte le faire avec son front de mer. Au total, 9,844 milliards d'euros avaient été investis à Barcelone, dont 5,985 milliards en infrastructures et 3,859 milliards en construction et équipements. Une facture astronomique pour l'époque, soldée depuis 2007, selon la mairie. Tour de force, aucun des équipements n'a sombré dans l'obsolescence. En front de mer, le village est devenu un quartier de 1800 appartements, vendus après les jeux. Sur la colline de Montjuïc, le Palais omnisports de Sant Jordi, le Stade olympique, rénové en 2010 pour les Championnats du Monde d'athlétisme, les piscines, qui avaient fait forte impression, avec la patte des architectes catalan Ricardo Bofill et japonais Arata Isozaki, fonctionnent à plein. Crise et concurrence «Vingt ans plus tard, les installations olympiques sont toujours en pleine activité avec plus de 150 évènements par an», assure Ignasi Armengol, directeur de Barcelona Serveis Municipals (BSM), l'entreprise publique de la mairie chargée de la gestion des installations. En fait, précise-t-il, ce sont surtout le Stade olympique de 55.000 places et le Palais omnisports (20.000 places) qui concentrent les activités artistiques et sportives organisées et chaîne depuis 1992 dans la capitale catalane. Sites qui peuvent «générer 500 millions d'euros par an» selon Ignasi Armengol, en comptant les revenus indirects du tourisme pour la ville et ses commerçants. Mais la crise est passée par là, exacerbant la concurrence. «Les prix de location ont généralement été revus à la baisse et nous nous adaptons à la crise en ajustant les prix», reconnaît-il, évoquant la concurrence de villes du sud de la France comme Montpellier ou Nice. De plus, si les manifestations sportives apportent une «rentabilité indirecte» en termes de rentrées touristiques, elles ont du mal à remplir les caisses, contrairement aux spectacles musicaux qui équilibrent les comptes. L'entretien coûte également très cher: 5 millions d'un budget total de fonctionnement de 25 millions d'euros. Mais cela en vaut la peine car, 20 ans plus tard, on parle toujours du «modèle de Barcelone», remarque Miquel Abad, estimant que les Jeux ont offert «une image forte de ville qui combine la magie de la culture, du loisir, des plages, de l'architecture et de l'art».