«Si Louis XVI possédait la télévision, la Révolution française n'existerait pas.» Abâza Quel avenir pour l'audiovisuel égyptien après la montée au pouvoir des islamistes de Mohammed Morsi? C'est la question que se posent actuellement les principaux magnats de l'audiovisuel et médias en Egypte. Quelle ligne adopteront les 100 chaînes privées et publiques égyptiennes qui gravitent autour de la Terre, depuis quelques années. L'Egypte était le premier pays arabe à avoir son propre satellite, Nilesat 101, lancé sur orbite en 1997. Ce satellite permet à la télévision égyptienne et de l'industrie du film d'alimenter la plupart des pays arabes avec des spectacles à partir de son Media Production City. L'Egypte dispose d'abord de deux chaînes satellitaires gouvernementales. La première, CSE (Canal Satellite Egypt) créée en 1990 lors de la guerre du Golfe et qui était destinée initialement aux troupes égyptiennes basées à Hafr al-Batin, en Arabie Saoudite. La seconde est Nile TV (qui a un volume horaire quotidien de 6 heures, ou 9 heures en période de Ramadhan) et qui a été inaugurée en mai 1994. La radio-télévision égyptienne contrôle la chaîne internationale Nile TV (diffusant en anglais, français et même en hébreu, depuis l'accord de paix entre Israël et l'Egypte). En 2000, le gouvernement égyptien a pris la décision d'autoriser les diffuseurs privés par satellite non sans imposer certaines restrictions. Les premiers à y bénéficier c'est Ahmad Bahgat, qui a lancé Dream TV, le 2 novembre 2001. P-DG du groupe Bahgat et propriétaire de Dreamland, un complexe de loisirs résidentiel près du Caire, Ahmed Bahgat a surtout profité de ses relations avec le régime Moubarak. En 2002, une autre chaîne a été créee «El-Mehwer TV», propriété du Dr Hassan Rateb. Aujourd'hui, l'Egypte dispose du plus grand nombre de chaînes dans le Monde arabe, parmi les télévisions les plus célèbres: Al Nas TV, Al Watan Al Arabi, Dream 1, les bouquets Mazzika, Melody et Nile Channel, ajoutez à cela OTV (Orascom Television), du magnat des télécom Naguib Sawaris, Alhayat TV et plus récemment Modern Sport. Il y a un mélange de chaînes publiques et de plus en plus de radiodiffuseurs privés. En 1995, l'Egypte disposait déjà de plus de 98 chaînes de télévision. Mais cette floraison de chaînes ne reflète pas une liberté d'expression garantie, comme c'est le cas dans certaines télévisions arabes comme Al Jazeera ou Al Arabya. La majorité des télévisions égyptiennes qui ont été créées du temps du président Moubarak servaient le régime et ses satellites. Mais ces chaînes ouvraient peu à peu leur canal aux courants islamistes et la présence des prédicateurs égyptiens tels que Qaradhaoui, Amr Khaled ou encore Safwat al-Hijazi, avaient lancé sans le savoir, le mode opératoire pour l'islamisation de la société égyptienne. Même si ces prédicateurs passaient sur d'autres télévisions arabes, c'est aux Egyptiens que leurs messages s'adressaient. Avec la montée des islamistes au pouvoir, le nombre de ses prédicateurs va se multiplier, la place de la femme sans hidjab va être réduite au maximum et l'islamisation rampante de l'audiovisuel égyptien va encore s'accélérer. [email protected]