C'est un bilan alarmant de la situation économique, sociale et politique du pays après 50 ans d'indépendance qu'a dressé, hier, le président de AHD 54, Ali Fawzi Rébaïne. «Les institutions sont quasi fictives, la justice n'est pas indépendante, l'armée fait toujours de la politique, les deniers publics sont gaspillés...», a-t-il décrit hier lors d'une conférence de presse tenue au siège de son parti à Alger. Revenant sur les événements importants qui ont marqué l'Algérie durant ces 50 dernières années, le conférencier a fait remarquer que «ce que nous vivons aujourd'hui est le résultat de ce qui s'est passé, notamment dans les années 1970». Ali Fawzi Rebaïne tient le FLN pour responsable de cette situation. «Si j'avais l'occasion de discuter avec Belkhadem, (le secrétaire général du FLN, Ndlr), je lui dirais que le FLN d'aujourd'hui n'est pas le FLN qui a arraché l'indépendance du pays mais juste un instrument de répression du peuple. Le vrai FLN a été fait par nos parents, par les héros», a-t-il déclaré. Aujourd'hui, dès que la revendication de la remise de ce parti au Musée de l'histoire est brandie par certaines parties de la société civile, on s'empresse d'expliquer que le FLN post-Indépendance n'est pas le FLN de 1954-1962. Le président de AHD 54 s'est demandé, à juste titre, pourquoi le FLN n'a pas soutenu le projet de loi visant la criminalisation du colonialisme français proposé par des députés en 2010? Dans son raisonnement, le conférencier est allé jusqu'à réclamer, d'une manière à peine voilée, l'annulation des élections législatives du 10 mai dernier. «Si avec 3,2 millions d'électeurs qui ont voté en 1991 pour l'ex-FIS dissous, on a arrêté le processus électoral, pourquoi on n'en fait pas autant aujourd'hui que seulement 1,3 million d'Algériens ont voté pour le FLN?», s'est-il interrogé. Pour tourner la page de ces 50 ans d'indépendance confisquée, l'orateur a plaidé pour l'organisation élections libres et transparentes. «Les gens du pouvoir doivent quitter et laisser le peuple choisir librement», a-t-il dit, se montrant étonné du retard pris pour la composition du nouveau gouvernement. Le conférencier plaide également pour l'écriture de l'Histoire sans tabous, l'application de l'article 73 de la Constitution ainsi que l'interdiction aux fils de harkis de prétendre à des postes de responsabilité. Dans ce contexte, M.Rebaïne a regretté la réhabilitation de certains harkis après l'Indépendance. Il cite le cas de Messali Hadj dont le parti MNA «a travaillé avec la police et les services de renseignements français pour neutraliser les éléments du FLN». Sur un autre plan, le président de AHD 54 a exprimé ses craintes quant au déroulement des prochaines élections locales dans les mêmes conditions que celles des élections législatives du 10 mai dernier. En tout état de cause, M.Rebaïne estime qu'«on n'a pas le droit de se retirer de la scène politique jusqu'aux derniers instants». Enfin, le conférencier a souhaité le dénouement de l'affaire des otages algériens au nord du Mali.