Le «rôle-clé» de l'Algérie dans le dénouement de la crise malienne en raison de sa proximité géographique avec ce pays devient de plus en plus évident. Ce rôle a été relevé, hier, lors d'une audition consacrée spécialement à la question malienne par la Chambre des représentants du Congrès américain, en présence de responsables du département d'Etat et d'experts des questions africaines. La sous-commission sur l'Afrique, relevant de la Commission des affaires étrangères de la Chambre des représentants, a ainsi auditionné le secrétaire d'Etat adjoint pour les affaires africaines, M.Johnnie Carson, le chargé de l'Afrique auprès de l'Agence américaine pour le développement international (Usaid), M. Earl Gast, ainsi que des experts des affaires africaines, MM.Nii Akuetteh et Rudolph Atallah. Dans son intervention, M.Carson a dressé un constat sans appel de la situation au Mali, soulignant que «le territoire vaste et incontrôlable du Nord du Mali fournit un refuge pour Aqmi et d'autres groupes extrémistes qui peuvent se révéler de plus en plus efficaces pour cibler les intérêts occidentaux». A ce propos, il a avancé que les Etats-Unis doivent aider le Mali et d'autres pays du Sahel à lutter contre cette menace transnationale. Evoquant les efforts diplomatiques américains engagés face à la crise politique au Mali, il a fait savoir qu'en plus de la pression exercée pour le rétablissement d'un gouvernement démocratique dans ce pays, les Etats-Unis «soutiennent le principe de l'appropriation régionale en encourageant les efforts de médiation de la Cedeao» (Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest). Sur ce point, il a souligné devant les parlementaires américains avoir encouragé «une collaboration régionale plus poussée en se rendant à Alger pour demander à l'Algérie, un acteur-clé, à participer aux efforts régionaux pour résoudre la crise au Mali». Le secrétaire d'Etat adjoint pour les Affaires africaines, Johnnie Carson, a soutenu qu'une éventuelle mission de la Cédéao pour reprendre militairement le Nord du Mali est «inopportune et irréalisable». L'Algérie est aussi de ceux qui ne partagent pas l'idée d'une intervention militaire au Mali, secoué par une crise politique, sécuritaire et même humanitaire. Concernant la question de la rébellion touarègue, il a indiqué que les Etats-Unis ont encouragé la Cédéao, l'Union africaine et des partenaires internationaux à résoudre cette question en intégrant l'Algérie et la Mauritanie. «La participation de ces deux partenaires, Algérie et Mauritanie, qui ne sont pas membres de la Cédéao, sera capitale pour une solution durable», a-t-il insisté. Sur le front de la lutte contre le terrorisme, il a affirmé que son pays travaille avec les pays voisins du Mali, dont la Mauritanie, le Niger et l'Algérie, pour renforcer la capacité de surveillance de leurs frontières, perturber les lignes d'approvisionnement d'Aqmi et contenir la propagation de groupes extrémistes, jusqu'à ce que l'armée malienne puisse entreprendre efficacement ses opérations dans le Nord. L'Algérie, qui est restée à distance et adopté une politique caractérisée par «prudence» par rapport aux Révolutions qui ont secoué la région se retrouve à présent au coeur de la crise malienne dont l'issue est incertain.