L'Algérie importe plus de 400.000 véhicules de différentes marques, sans aucune contrepartie et débourse plus de 4 milliards de dollars/an. Pour que l'Algérie casse son image de «dévoreuse» de véhicules, elle doit se lancer dans l'exportation. Il lui faut un label pour cela. Ce qui explique le choix de Renault. «Le travail est déjà entamé avec le constructeur Renault sur le terrain pour le développement d'un réseau de sous-traitants locaux performants (privés et publics) qui constitue un passage obligé pour le développement d'une industrie automobile viable» a confié le ministre de l'Industrie. «Ce travail est également en cours d'élargissement avec tous les constructeurs qui réalisent des partenariats industriels en Algérie (Daimler, Liebherr, Deutz...) a-t-il ajouté. Cette liste haut de gamme doit donner une dimension internationale au secteur automobile en Algérie. L'interview accordée à l'APS par le ministre de l'Industrie, de la PME et de la Promotion de l'investissement a constitué une opportunité pour remettre le projet d'implantation d'une usine Renault, en Algérie, sur le tapis. «Les discussions menées depuis 15 mois avec Renault ont permis de dégager un premier accord en mai 2012. La création de la nouvelle société en partenariat avec Renault (avec la règle 51-49%) est prévue d'être concrétisée au plus tard en octobre de l'année en cours. La fin de l'année 2012 constituera, nous l'espérons, la date de démarrage effectif du développement de l'industrie automobile en Algérie» a déclaré à Algérie Presse Service Mohamed Benmeradi à l'occasion de la célébration du Cinquantenaire de l'Indépendance. Pour rappel, Renault a pour objectif de produire 75.000 voitures par an pour atteindre à terme 150.000 unités. Les discussions qui butaient sur le lieu où doit être implantée l'unité de production donnent l'impression de vouloir évoluer. Le constructeur automobile français a désormais le choix, bien qu'il ait jeté son dévolu sur la banlieue algéroise, à Rouiba. De nouveaux sites ont été proposés depuis. «Le projet de l'usine Renault pourrait être implanté soit à Mostaganem, à Oran ou Bellara», avait annoncé le ministre de l'Industrie. Le partenariat entre la France et l'Algérie en matière de construction automobile avait déjà franchi une nouvelle étape. «Les équipes travaillent depuis le 25 mai dernier sur la finalisation du pacte des actionnaires, qui sera probablement prêt début août, et on prévoit la création de la société en septembre ou octobre prochains», avait-il déclaré, le 21 juin à Alger, en marge d'une séance plénière au Conseil de la Nation. Dans l'interview publiée lundi par l'APS, le ministre s'est longuement exprimé sur l'évolution du secteur industriel et les différentes phases par lesquelles il est passé, en particulier l'époque de l'industrie industrialisante, depuis l'Indépendance à nos jours. «C'était un passage obligé compte tenu du contexte de l'époque. Effectivement, une bonne partie de ce qui reste actuellement, comme potentiel industriel, a été réalisée durant cette première période de développement et a permis en effet d'atténuer les effets de crise durant les deux phases suivantes. Notre pays avait une politique industrielle qui répondait à des objectifs précis, notamment en matière d'indépendance, d'emploi, de satisfaction des besoins du marché local», a-t-il indiqué tout en mettant en exergue le rôle majeur joué par l'Etat en ce qui concerne les investissements. «Effectivement, l'Etat a injecté des sommes très importantes pour la réhabilitation et le développement des branches industrielles. Des plans de développement des grandes entreprises nationales Saidal (médicaments), Snta (tabacs), Gica (ciment), Snvi (véhicules industriels) ont été adoptés et mis en oeuvre» a fait remarquer le ministre de l'Industrie. En dépit de tous ces efforts, le secteur industriel demeure peu performant. Benmeradi explique: «Le secteur industriel a subi de profondes restructurations, particulièrement à partir de la chute des prix du pétrole dans les années 1980. Ces restructurations successives ont altéré le processus d'industrialisation dans son ensemble, malgré la réhabilitation dans le même temps du secteur privé national.» Il termine toutefois sur une note optimiste. «Dans la phase actuelle que traverse l'économie nationale, le développement industriel peut devenir un moteur de croissance indéniable, eu égard au potentiel existant», a prédit Mohamed Benmeradi. Un peu comme pour dire qu'il est l'heure de s'affranchir du pétrole...