C'est la première fois depuis 1986 que la communauté juive turque est ciblée. Ce n'est pas la première fois que la Turquie est visée. En effet, le 14 octobre dernier, l'ambassade de Turquie en Irak a été la cible d'un attentat-suicide qui avait faisait 6 blessés et un mort, celle du kamikaze. Au moins 20 personnes ont été tuées et plus de 200 blessées, hier, dans deux attentats à la voiture piégée contre deux synagogues d'Istanbul, a annoncé le ministre turc de l'Intérieur Abdulkadir Aksu. Selon un porte-parole du grand rabbinat d'Istanbul, Silvio Ovadia, quelque 300 personnes se trouvaient dans ces deux lieux de culte pour la prière du samedi au moment des explosions. Ce double attentat a été revendiqué par un homme non identifié qui se proclame d'un groupe extrémiste, le Front islamique des combattants du Grand-Orient (Ibda/C). «La raison (de ces attentats) est de mettre fin à l'oppression visant les musulmans (...) Nos actions vont continuer», a-t-il affirmé dans un appel à l'agence Anatolie a indiqué celle-ci qui ajoute que l'homme aurait été filmé par une caméra de surveillance installée à l'extérieur de la synagogue du New Shalom. L'Ibda-C, fondé en 1985, vise à instaurer un Etat islamique en Turquie et à perpétrer plusieurs attentats contre des bars, des discothèques et des églises à Istanbul. L'organisation est en sommeil depuis l'arrestation en 1998 de son chef Salih Mirzabeyoglu, condamné à la prison à vie à Istanbul pour tentative de coup d'Etat. Les explosions ont été provoquées par des voitures piégées selon la chaîne CNN-Turk qui cite des sources policières. Il s'agit de la synagogue principale Neve Shalom et d'un autre lieu de culte important du quartier de Sisli, a-t-elle précisé. La façade entière de la synagogue Neve Shalom, dans le quartier de Beyoglu, a été détruite et s'est écroulée. Cette synagogue, construite dans les années 1940 et l'un des plus importants lieux de culte juif de Turquie, a déjà été visée en 1986 par un attentat qui avait fait 22 morts. L'autre synagogue visée est celle de Beth Israël dans le quartier de Sisli à cinq kilomètres de distance. C'est la première fois depuis 1986 que la communauté juive turque est visée. En effet, ce double attentat frappe une communauté juive restreinte. En effet, la communauté israélite d'Istanbul compte quelque 27.000 personnes dans un pays de près de 70 millions d'habitants, dont 99 % de la population est musulmane, cette communauté est la seconde plus importante minorité, après celle des Arméniens qui compte quelque 45.000 personnes. Les attentats antisémites sont rares en Turquie. L'attentat de 1986 traumatisa la communauté juive qui n'avait jamais connu de problème au cours de ses 500 ans d'histoire dans l'Empire ottoman. En outre, le chef de la diplomatie turque Abdullah Gul a, pour sa part, affirmé à la presse que ces attentats ne changeraient en rien la détermination de son pays à lutter contre le terrorisme. Ce double attentat vient rappeler que les organisations terroristes ne sont pas près de céder du terrain. En effet après l'attentat à la voiture piégée à Ryad contre un complexe résidentiel qui avait fait 17 mort et plus de 100 blessés dans la nuit du 8 au 9 novembre, la nébuleuse terroriste a encore frappé à Nassiriyah au sud de l'Irak qui a visé pour la première fois le contingent italien faisant 26 morts et plus d'une soixantaine de blessés. Au mois d'août dernier, l'ambassade de Jordanie a été la cible d'un autre attentat à la voiture piégée et qui avait fait 11 morts et plus d'une cinquantaine de blessés. Mais l'attentat le plus spectaculaire reste celui qui avait visé le bâtiment principal des Nations-Unis à Bagdad qui avait causé la mort du représentant spécial de Kofi Annan à Bagdad, Sergio Vieira de Mello.