Erdogan n'écarte plus l'éventualité de recourir, à nouveau, aux bombardements des camps du PKK dans le nord de l'Irak. Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a affirmé, hier, que l'armée turque pourrait mener une incursion en Irak pour pourchasser les rebelles kurdes qui ont tué 17 soldats turcs lors d'une attaque vendredi dans le sud-est de la Turquie «Si une telle opération transfrontalière se réalise, elle visera uniquement les terroristes», dénomination officielle pour le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), a déclaré le chef du gouvernement lors d'un discours au groupe parlementaire de son Parti de la justice et du développement (AKP). «La cible d'une opération de l'autre côté de la frontière, si nécessaire, est seulement l'organisation terroriste» PKK, a tenu à préciser M.Erdogan, assurant que la population locale, l'administration kurde autonome d'Irak et l'unité politique de l'Irak n'en seraient pas affectés alors que le parlement turc devait voter hier le renouvellement du mandat de l'armée pour les opérations contre le PKK en Irak, lequel mandat prend fin le 17 octobre. L'attaque menée vendredi par le PKK contre le poste d'Aktütün à la frontière avec l'Irak, au cours de laquelle 17 soldats turcs et 23 rebelles ont été tués, est la plus grave depuis celle qui avait coûté la vie à 12 soldats en octobre 2007. Celle-ci avait débouché en février 2008 sur une intervention terrestre d'une semaine de l'armée turque dans le nord de l'Irak, où plus de 2000 rebelles sont retranchés selon Ankara. La Turquie mène également depuis un an des raids aériens contre le PKK dans le Kurdistan irakien, contrôlé par les factions kurdes. Depuis vendredi, l'aviation turque a frappé à trois reprises des caches du PKK en Irak, dont la dernière fois hier, a annoncé l'état-major. M.Erdogan a, en outre, stigmatisé une nouvelle fois l'inaction des autorités Kurdes d'Irak: «Tout le monde doit dresser une barrière claire et nette contre le terrorisme et le droit d'autodéfense» contre les attaques qui visent ses forces de sécurité depuis leurs bases irakiennes. Le gouvernement turc est tiraillé entre le mécontentement grandissant de la population, qui réclame une solution définitive aux problèmes l'armée turque en Irak, qui pourraient déstabiliser la seule région tranquille du pays. M.Erdogan a réuni lundi les ministres de l'Intérieur, de la Justice, des Affaires étrangères et de la Défense pour discuter de l'adoption de nouvelles mesures. Demain, une nouvelle réunion des dirigeants civils et militaires est prévue afin de conférer notamment de plus amples pouvoirs aux autorités militaires, notamment la prolongation des gardes à vue et le droit de procéder à des perquisitions sans autorisation d'un juge, ont rapporté les journaux. Ces mesures pourraient cependant déplaire à l'Union européenne, à laquelle souhaite adhérer la Turquie. Ankara a, en effet, élargi ces dernières années par des réformes les droits individuels et octroyé des droits culturels à sa communauté kurde. Considéré comme une organisation terroriste par la Turquie, l'Union européenne et les Etats-Unis, le PKK mène depuis 1984 des opérations armées pour l'autonomie du Sud-Est de la Turquie, peuplé en majorité de Kurdes. Le conflit a fait environ 44.000 morts.