Parce que convaincu de la noblesse de sa cause, Amirouche a subi mais n'a jamais plié l'échine. «En 2002, en rentrant chez moi, j'ai trouvé mon restaurant saccagé après une émission sur Beur TV.» Persécuté de toutes parts, le fils d'Ahl El Ksar n'a jamais accepté le fait accompli. De son vrai nom, Hamali Ramdane, ce troubadour et solitaire militant de la cause amazighe, est originaire d'Ahl El Ksar, une région qui a de tout temps enfanté des artistes de renom comme Mechenane Kamel, Mesbahi... Fils unique et orphelin dès l'âge de 7 mois, après le décès du père militant dans les rangs du FFS en 1963, il se lance dans la chanson pour exprimer son opposition à un pouvoir qui, au nom de l'arabité et du baâthisme, a voulu taire sa langue, renier ses origines. Surnommé le solitaire, il participera à toutes ses actions pour l'identité aux côtés d'illustres militants comme le defunt Matoub qu'il côtoya, de Mammeri et tant d'autres vrais militants de la cause de ses ancêtres. Il ponctue son travail par un premier album en 1983 chez Cadic. «Cette oeuvre je la dois à Saïd Vouthlava qui m'a découvert en 1982 lors d'un gala à Bouira.» Ce n'est pas le grand succès d'une oeuvre complètement dédiée aux événements de Tizi. C'est surtout l'occasion de rencontrer le Rebelle Lounès Matoub. A l'occasion d'un gala, le 13 janivier 1986, il est arrété et embarqué. La mobilisation finit par gagner et les policiers le relâchent. Il s'exile à Paris chez Matoub qui le soutient et l'assiste. «Lounès m'avait rejoint cinq jours plus tard, on dormait dans le même lit et il me filait 50 FF, parfois plus...» En 1988, il signe son retour sur la scène artistique avec un album grâce à l'aide d'Arezki Moussaoui. En 1990, avec Toufik Iboudrarane, il marque son refus à la mouvance intégriste avec un titre Adieu l'Algérie Mma yetfits el Fis. Cet album sera alors un vrai départ d'une carrière riche en succès. De retour au pays, il sillonne sa patrie à travers des concerts à Tizi, Michelet, Akbou, Béjaïa... Le 29 août 1991 au Théâtre de Verdure d'Alger, il échappe à une tentative de lynchage. «J'étais à ma quatrième chanson, la fameuse Adieu l'Algérie quand un groupe de salafistes aux cris d'Allah Ouakbar investissent les lieux et tentent de m'agresser. Grace à des amis, je me réfugie chez le défunt Smaïl Yefsah.» Ces faits accentueront son engagement puisqu'il signe deux autres albums qu'il consacre à l'ex-FIS, la Concorde, le Printemps noir... pour ne pas rester en marge du 50e anniversaire, il vient d'éditer chez Amazigh Editions un album de sept chansons. Intitulé 50 di Laamriss, cet album se veut une halte historique marquée par une tragédie nationale mais aussi un retour sur cette Algérie post-indépendante qui a frustré plus d'une ambition. Farhth ayi Dzayiien Thicharquats arayiww... sont autant de poèmes qui relatent la déception, la nostalgie, l'amour de la patrie... des idéaux que Amirouche a de tout temps mis en avant dans son long combat identitaire. La persécution hélas, continue. Amirouche qui a fait ses preuves sur les scènes internationales, n'a pas été convié à animer un gala dans sa wilaya natale, un objectif qu'il s'est fixé et qu'il réalisera très prochainement. Il vient d'éditer son album grâce à l'aide de la Sarl Nouari et Frères, Grande entreprise Ouchene (GEO) et l'établissement hôtelier Le Royal, trois entreprises locales. C'est un premier pas vers le retour à sa région natale.