Les députés islamistes prennent acte du décret présidentiel rétablissant le Parlement en se réunissant brièvement hier Le Parlement égyptien, dissous par décision de justice, s'est réuni hier au moment où le nouveau président réserve sa première visite à l'étranger, en Arabie Saoudite. L'Assemblée populaire égyptienne, dissoute par le Cfsa sur décision de justice, et réhabilitée par le nouveau président, Mohamed Morsi, s'est donc réuni hier moins d'un mois après sa dissolution. Défiant et la justice et l'armée, les députés majoritaires à la chambre basse, à savoir les Frères musulmans et les salafistes, ont ainsi soutenu le rétablissement du Parlement, en se réunissant, donnant acte au décret du président de Mohamed Morsi. «Ce dont nous discutons aujourd'hui c'est du mécanisme d'application» du jugement de la Haute Cour constitutionnelle qui a déclaré l'Assemblée invalide, a indiqué le président de la chambre, Saâd al-Katatni, assurant que les élus respectaient la loi et la justice. «Le Parlement connaît très bien ses droits et ses devoirs, n'intervient pas dans les affaires du pouvoir judiciaire et ne commente pas les jugements de la justice», a-t-il ajouté. «Je veux souligner que nous ne sommes pas en contradiction avec le jugement, a-t-il encore souligné, avant de lever la session. Alors que les députés de l'opposition ont décidé de boycotter la session d'hier, certains qualifiant le décret de M.Morsi de «coup d'Etat constitutionnel», les islamistes étaient les seuls présents à l'hémicycle. De son côté, la Haute Cour constitutionnelle, qui avait invalidé l'Assemblée le 14 juin en raison d'un vice juridique dans la loi électorale, a évidemment rejeté lundi le décret présidentiel ordonnant de rétablir le Parlement. «Considérant que les jugements et l'ensemble des décisions de la Haute Cour constitutionnelle sont définitifs (...); ils sont contraignants pour toutes les institutions de l'Etat», a affirmé la Cour dans un communiqué. Quant aux réactions internationales, troublant est le soutien des Etats-Unis aux islamistes, qui «font la guerre aux extrémistes islamistes» et tentent de propager (leur) modèle démocratique dans le monde. Effecti-vement, la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a réclamé hier un dialogue entre toutes les parties engagées dans la crise politique égyptienne, où l'assemblée, l'armée et la justice se livrent un inquiétant bras de fer. «Les Egyptiens devraient obtenir ce pourquoi ils se sont battus et ceux pourquoi ils ont voté, à savoir un gouvernement élu qui prend des décisions pour que le pays avance», a précisé la chef de la diplomatie américaine qui doit rencontrer ce week-end le nouveau président Mohamed Morsi. Un autre élément tout aussi porteur d'intrigues, la visite du président égyptien Mohamed Morsi, aujourd'hui, en Arabie Saoudite, premier déplacement à l'étranger du nouveau chef d'Etat égyptien. Ceci témoigne, selon les analystes politiques, d'une continuité dans les relations entre les deux «piliers» du Monde arabe, condamnés à coopérer malgré leurs récentes frictions. La visite de M.Morsi, dont les liens des Frères musulmans avec le Royaume wahhabite étaient historiquement empreints de méfiance, témoigne d' «une continuité dans les relations bilatérales quels que soient ceux qui sont au pouvoir au Caire», estime l'analyste saoudien Jamal Khashogji. Selon lui, «le Royaume saoudien n'a pas de réserves à l'arrivée au pouvoir en Egypte des Frères musulmans», qui avaient pourtant opéré sous l'ex-président Hosni Moubarak un rapprochement avec l'Iran. Toutefois, cette visite au Royaume wahhabite peut également être interprétée comme un gage de prudence de la part des Frères musulmans envers les partenaires historiques de l'Egypte. Cela d'autant plus que les salafistes égyptiens se réclamant du wahhabisme ont le vent en poupe en réussissant à envoyer au Parlement un quart de leur composante. Manoeuvre habile, prise de date? L'avenir dira les soubassements d'une visite à Riyadh que peu d'observateurs, en fait, attendaient.