Du souci pour Da Lhocine «Aït Ahmed a promis que les sanctions seront plus sévères à l'égard des dirigeants qu'à l'égard des militants.» La crise politique et organique que traverse le Front des forces socialistes (FFS) s'accentue et accouche de trois tendances aux positions différentes. C'est là l'une des premières décantations qui s'est faite dans les rangs du FFS, en crise depuis sa participation aux élections législatives du 10 mai dernier. Premièrement: il y a la direction «accusée» de compromission avec le pouvoir, refusant d'ouvrir les portes du dialogue avec ses cadres et militants. Celle-ci ne s'exprime que très rarement dans la presse. Toutes nos tentatives de la joindre sont restées vaines. Ni Chafaâ Bouaich, chargé de communication du parti ni Ali Laskri, premier secrétaire national n'ont pu répondre à nos appels. Cela, si on exclut les quelques communications de M. Bouaich sur son site Facebook. C'est une véritable situation de statu quo, dans la maison FFS, ouverte à toutes les dérives organiques et politiques. Et pour reprendre une déclaration de Saïd Khellil:«La direction du FFS est devenue une machine qui broie ses cadres, chacun son tour.» En attendant, les exclusions se poursuivent. C'est la seule réponse qui est donnée aux militants récalcitrants. D'ailleurs, pas moins de 7 cadres du parti sont convoqués pour aujourd'hui, 19 juillet, par la commission de discipline. Ils sont accusés «d'erreurs politiques et de travail fractionnel contre la direction». Cette même direction a été accusée par l'ex-premier secrétaire national Karim Tabbou «d'avoir mené des tractations avec des cercles occultes à l'insu des militants». Mêmes accusations proférées par Ali Karboua, un autre ancien premier secrétaire national du FFS, qui a soutenu dans une déclaration à L'Expression, que le problème dans leur parti réside dans «le fait qu'il y a des membres qui ont plus d'influence que d'autres sur le cours des choses et qui disposent de plus de facilités pour accéder au président du parti dont tous les canaux d'information ont été coupés». Deuxièmement: il y a l'aile du député de Tizi Ouzou, Karim Tabbou, composée de 60 démissionnaires dont 7 membres du conseil national sur un nombre global de 94. Les démissionnaires, conduits désormais par Karim Tabbou, comptent créer leur propre parti. Un parti qu'ils veulent inscrire, selon le maire de Rouiba, Merzouk Lakrouz, dans la ligne originale du FFS. «Nous allons mobiliser les citoyens autour, pour la construction d'une alternative démocratique et l'avènement d'une deuxième République», a déclaré à L'Expression M.Lakrouz. Et de trancher:«Notre combat a comme référence les idéaux de notre ex-parti (FFS), dévié de sa ligne par l'actuelle direction, qui veut soumettre le parti à la logique totalitaire du pouvoir et qui ne nous laisse guère le choix sur les décisions à prendre.» Les démissionnaires affirment qu'ils refusent d'être «complices des tractations menées à l'insu des militants et de l'opinion publique», ajoutant qu'ils n'ont jamais souhaité de «se trouver dans cette radicalité vis-à-vis de notre ancien parti et de nos anciens camarades de lutte». Troisièmement: il y a les anciens cadres du FFS, dont Djamel Zenati, ancien directeur de campagne de Hocine Aït Ahmed durant l'élection présidentielle de 1999, les anciens premiers secrétaires nationaux, Djoudi Mammeri, Mustapha Bouhaddef, Ali Karboua, Samir Boukouir, qui se veulent rassembleurs. Cela ne les empêche pas d'accuser leur direction de «compromission avec le pouvoir», ils appellent au rassemblement des énergies militantes et l'ouverture d'un large débat politique à la maison FFS. «L'actuel direction du plus vieux parti d'opposition est privée de toute autonomie politique», a précisé Samir Bouakouir, avant d'ajouter que cette dernière ne fait que reproduire les injonctions des cercles du pouvoir avec lesquels elle a conclu, explique-t-il, dans une totale opacité, un arrangement, dont on ignore toujours les tenants et aboutissants. Tandis que Djamel Zenati a fait remarquer que la dynamique dont il fait partie repose sur le dernier appel de Hocine Aït Ahmed, insistant sur la nécessité de mettre le FFS sur la voie du rassemblement de toutes les énergies, demeurant encore attachées aux principes fondamentaux du FFS. Cela, explique-t-il, se traduit sur le terrain par le travail de proximité qu'il mène avec ses compagnons. «Nous allons organiser des meetings et des rencontres-débats avec les militants et sympathisants», a-t-il fait savoir, tout en précisant que le FFS est un idéal, un patrimoine de l'opposition radicale et pacifique. Il représente les aspirations des différentes générations. Et de tonner: «Il faut remettre le FFS au peuple et l'extraire des mains assassines.» S'agissant du silence observé par le président du FFS, Hocine Aït Ahmed, Djoudi Mammeri, actuel conseiller du FFS, a avoué qu'Aït Ahmed a prévenu son secrétariat des conséquences néfastes, qui peuvent découler de sa participation aux précédentes élections législatives. «Aït Ahmed a suggéré à la direction d'assumer les conséquences de l'option de la participation. D'autant plus, il a promis que les sanctions seront plus sévères à l'égard des dirigeants qu'à l'égard des militants», a encore appuyé Djoudi Mammeri.