Le risque, est majeur, tandis que les tentatives de normalisation et de domestication du FFS menées de l'intérieur et de l'extérieur, visent à neutraliser toute forme d'opposition «Les tentatives de normalisation et de domestication du FFS menées de l'intérieur et de l'extérieur, visent à neutraliser toute forme d'opposition radicale et pacifique.» Le manque de transparence et de démocratie dans la gestion du Front des forces socialistes (FFS) a fait réagir trois des anciens premiers secrétaires du parti à la veille de son conseil national. D'une violence verbale inattendue, Mustapha Bouhadef, Djoudi Maameri et Ali Karboua font un procès sévère de la situation dans laquelle est plongé le FFS, sous l'actuelle direction. Pour eux, jamais, le vieux parti d'opposition n'a été aussi menacé par une crise politique que cette fois-ci. «Les risques d'implosion sont bien réels et interpellent non seulement les militants et sympathisants, mais l'ensemble des citoyens», soutiennent-ils dans une déclaration rendue publique. Le risque, précisent-ils, est majeur, tandis que les tentatives de normalisation et de domestication du FFS menées de l'intérieur et de l'extérieur, visent, expliquent-ils, à neutraliser toute forme d'opposition radicale et/ou pacifique et parachever la restructuration autoritaire du pouvoir au sein du parti. Pourtant, révèlent-ils, ils ont alerté les instances dirigeantes du parti sur les risques, qui pèseraient, selon eux, sur la cohésion et la pérennité du parti dans le cas de sa participation au scrutin du 10 mai dans les conditions et les circonstances imposées par le pouvoir. «Nous avons, entre autres, mis en garde contre le piège grossier qui consiste à emballer ces élections dans un projet de sanctification de la nation algérienne et d'édification de remparts contre l'Otan et autres ennemis de l'étranger», explique-t-ils, avant de poursuivre: «Nos appels, associés à de nombreuses autres voix, n'ont pas trouvé d'écho auprès des détenteurs du pouvoir réel au sein du parti.» Par conséquent, les signataires de cette déclaration jugent qu'il est de la responsabilité de la direction actuelle de répondre à l'interpellation de cadres, de militants et de sympathisants qui refusent le sabordage politique du FFS. Ils s'interrogent ainsi sur le fait de savoir s'il n'y avait pas eu un «deal» avec une partie du pouvoir. Un acte qui constitue, écrivent-ils, une grave dérive politique et une atteinte à l'éthique démocratique. «Conscients des implications désastreuses pour la démocratie et l'Algérie d'un abandon, par l'actuelle direction, des valeurs et idéaux du FFS, nous soutenons toute initiative allant dans le sens du rassemblement» notent-ils, avant d'appeler tous les cadres, militants et sympathisants qui ont porté et qui continuent à le faire, les principes du FFS à dépasser tous les clivages et les différences d'appréciation que le parti a connus depuis sa création. Ce rassemblement des énergies militantes du FFS est, précisent-ils, «une absolue nécessité pour mettre en échec les velléités d'inscrire le parti dans des stratégies claniques dans la perspective de la prochaine élection présidentielle». C'est dire que ce rassemblement sera l'occasion pour débattre librement de la stratégie du FFS et de son organisation. D'où, ces trois anciens premiers secrétaires considèrent que les seules lignes de démarcation qui ne sauraient faire l'objet de concessions sont, entre autre, de porter profondément les valeurs et idéaux du FFS, respecter le demi-siècle de combat pour la démocratie et les libertés et honorer les quelque 400 martyrs et les anciens de 1963, et être autonome dans sa décision et sa liberté de penser et rejeter toute forme d'autoritarisme. Enfin, ces anciens cadres soulignent, en conclusion, que le FFS se doit de rester un instrument de cohésion et de rassemblement. Notons que Djamel Zenati, compte réagir, à son tour, dans les jours à venir, pour appeler à une conférence de tous les cadres du FFS, sans exclusive. «Cette conférence est une nécessité stratégique pour rassembler, sans exclusive, les forces dispersées et faire face à cette entreprise de domestication de l'opposition radicale et pacifique», a déclaré à l'Expression Djamel Zenati. Selon cet ancien directeur de campagne de Hocine Aït Ahmed lors de la présidentielle de 1999 «il faut sortir des logiques d'appareils et des stratégies conçues dans le secret». C'est une position et pratique politiques, assène-t-il, conformes à l'éthique politique de Hocine Aït Ahmed, qui a toujours refusé les conciliabules et autres deals concoctés à l'insu des militants et des sympathisants du FFS, constituant les forces vitales et mobilisatrices du parti, depuis 1963. Dans le même contexte, il a fait savoir que face à un pouvoir qui refuse toute autonomie politique aux acteurs politiques, syndicaux ou associatifs, le rôle d'un parti d'opposition, en l'occurrence le FFS, est de leur ouvrir, explique-t-il, ses structures et d'agir afin de leur permettre une plus grande visibilité et d'unifier les luttes populaires pacifiques. Et d'ajouter: «Le FFS est un idéal! Ce n'est pas un appareil entre des mains en proximité avec des cercles occultes.»