«C'est carrément une refondation de l'athlétisme national qu'il faut, basée essentiellement sur des orientations novatrices, sur la modernisation de la gestion fédérale et l'ouverture aux compétences marginalisées!» Celui qui parle ainsi sait ce qu'il avance. Il le dit en connaissance de cause. Lui, c'est Kamel Guemmar, le grand champion du demi-fond des années 60 et 70 du MCA et de l'EN, actuellement membre fédéral. Connaissant par coeur et sur le bout des doigts toutes les arcanes de l'athlétisme national, Kamel, qui a la gorge serrée lorsqu'il parle de sa discipline préférée, ajoutera : «Il n'y a plus de doctrine nationale, les luttes intestines et les incessantes divisions ne laissent plus place aux débats d'idées, à la concertation.» Même s'il ne se nourrit guère d'illusions, du moins dans cette période de conjoncture difficile, Kamel Guemmar, celui qu'on considère à juste titre comme le «pompier» de la FAA, estime que le dossier qui a été ouvert avec le MJS et les pouvoirs publics, doit avoir impérativement à l'instar du football, des suites favorables. Mettant suffisamment de conviction malgré un retour d'écoute pas très net, l'ancien champion du cross-country et du 1500 m fait de la concertation et de l'unité nationale, son véritable cheval de bataille. «L'unité nationale quand elle est sincère et effective, devrait permettre une entente possible, une ouverture où chacun parlerait le même langage, d'autant que pour l'heure, chacun essaie de travailler pour lui et ceci est franchement néfaste.» Revoir les statuts, les réactualiser et mener une politique de clubs qui, pour la plupart se meurent ou ont carrément disparu, constituent selon M.Kamel Guemmar l'autre action prioritaire. «Ces clubs qui constituaient jadis de véritables cellules nourricières du mouvement athlétique national doivent être redynamisés et rendus à leur logique. Il faut leur accorder les moyens qu'ils demandent et leur donner de l'importance!» En somme, au lieu de chercher les résultats immédiats (il n'y a pas de génération spontanée en athlétisme) et des coups d'éclat sporadiques, cela consiste plutôt à rebâtir quelque chose de plus solide, plus logique et surtout plus durable. Les responsables doivent opter pour une politique de haut niveau certes (encore faudrait-il qu'elle soit claire et nette !) mais également de masse et de clubs, complémentarité indispensable. C'est comme cela que la crédibilité de notre athlétisme sera saine et sauve et que des possibilités nouvelles surgiront. Que les responsables à tous les niveaux en prennent conscience immédiatement.