«Nous sommes venus en Algérie, parce que vous êtes nos frères» Des opérateurs économiques, médecins, journalistes et autres acteurs de la société civile s'organisent pour venir en aide à ce peuple frère qui souffre. «Je suis en vacances avec mes parents», dira Mounir G., âgé de 12 ans, élève en 6e année qui ignore que ses parents passent la nuit depuis des mois, dans un jardin public et que son pays est en état de guerre depuis plus d'un an et demi. «Aidez-nous s'il vous plaît au nom de Dieu et de l'humanité entière. Nous avons fui notre pays pour sauver nos enfants et nos vies de la mort», ont clamé hier à minuit, des dizaines de familles qui ont pris place depuis plusieurs semaines et mois au square Port-Saïd à Alger. Fuyant la terreur et la mort qui règnent dans différentes villes et villages de la Syrie, tels Damas, Alep, Homs, plus de 10 000 réfugiés se retrouvent éparpillés à travers le pays dans le silence et l'indifférence totale. «Nous sommes venus en Algérie, parce que vous êtes nos frères, les premiers à nous aider avant quiconque», ont-ils supplié... Effectivement, cet appel du coeur aux Algériens en tant que peuple frère depuis la nuit des temps, à commencer par l'avènement de l'Emir Abdelkader et l'insurrection du 8 avril 1871 des leaders, El Mokrani et notamment spirituel Belhaddad, ne devra en aucun cas être oublié et passer inaperçu. Première réaction spontanée des Algériens, c'est la prise en charge discrète des dizaines et des centaines de familles syriennes loin de tous les projecteurs. Un autre exemple digne de cette solidarité, c'est la sécurité et les dons bénévoles des éléments de la Sûreté nationale qui veillent à leur sécurité jour et nuit. Selon certaines indiscrétions, il est question d'instructions venant des officiels des représentants du régime syrien en Algérie, demandant le rapatriement de ces réfugiés. «Nous vivons entre le marteau et l'enclume. Si l'on parle, on risque notre vie et celle de nos enfants. Nous ne sommes d'aucune tendance politique du pouvoir ou de l'opposition syrienne. C'est la vie humaine qui est en jeu», disent ces réfugiés rencontrés hier soir au square Port-Saïd. Des témoignages déplorent tout de même la politique du deux poids, deux mesures. «Dites pourquoi il y a eu création des centres d'accueil durant la guerre du Liban, mais pas dans la situation syrienne actuelle?» se sont-ils interrogés. Craignant des représailles, des réfugiés sont allés jusqu'à demander de ne pas parler d'eux. L'exemple des filles qui se proposaient aux mariages à Tiaret, a été sévèrement condamné et rejeté par les réfugiés syriens en Algérie. «Le problème des Syriens dépasse de loin les faits rapportés de Tiaret», regrettent-ils. Autrement, des dizaines de familles accompagnées de leurs bébés et enfants vivent un calvaire inhumain qu'elles n'ont pas choisi. «Nous n'avons pas voulu et nous ne voulons pas de cette guerre entre frères syriens. Tout ce que nous souhaitons, c'est le retour à la stabilité et la paix pour revenir chez nous en Syrie», ont clamé de nombreuses femmes accroupies avec leurs enfants au square Port-Saïd. Selon des informations recueillies sur place, il est question de femmes enceintes qui auraient accouché en plein air. Interrogées sur d'éventuels contacts et rapprochements avec les institutions telles que le Croissant-Rouge algérien (CRA), le bureau du Haut Commissariat aux réfugies (HCR), ou auprès de l'ambassade de la Syrie pour un minimum d'aide, elles répondent par la négative sans commenter. «Les adultes peuvent supporter quelques mois, à la rigueur. Mais et tous ces enfants en bas âge?» disent-elles. Livrés à eux-mêmes, les réfugies demandent leur prise en charge au nom de l'humanité et de la légalité internationale pour sauver des innocents. Mais, «surtout pas à l'ambassade de Syrie», affirment-ils, la peur au ventre. L'idée d'un comité d'aide et de solidarité avec les réfugiés syriens en Algérie (Casrsa), commence à faire son chemin et le projet vient de naître. Il se développe en collaboration avec les représentants des Syriens et les organismes concernés, pour amorcer un début de solution à cette crise, qui touche les enfants et les femmes en premier lieu. Cette initiative est appuyée par une autre qui vient d'être lancée par des cadres, des médecins généralistes et spécialistes, des journalistes et des opérateurs économiques solidaires de la cause humaine. «N'oublions pas que beaucoup d'Algériens ont étés accueillis par les Syriens durant la guerre de Libération nationale et bien avant. Il est de notre devoir d'être solidaires avec eux. Car, nul n'est maître sur terre», rappelle Lyès B., opérateur économique. Selon nos sources, dès que le comité prendra forme, il sera demandé aux organismes cités ci-dessus, de les aider de leur côté, afin de rendre le sourire aux familles et aux enfants syriens jusqu'à la cessation des bombardements des civils et le retour de la paix en Syrie. Vouloir, c'est pouvoir.