Les partis réconciliateurs saluent l'initiative, mais à l'exception d'Ahmed Taleb Ibrahimi, aucun leader n'a émargé. L'initiative de la Ligue algérienne de la défense des droits de l'homme (Ladhh) de faire circuler une pétition appelant à la levée de l'état d'urgence n'a recueilli l'adhésion que d'un seul chef de parti, en la personne d'Ahmed Taleb Ibrahimi, président du mouvement Wafa. Or, il est clair que plusieurs formations politiques revendiquent depuis des années l'annulation du décret présidentiel portant instauration de l'état d'urgence en Algérie. Il semble, à première vue, que la démarche du président de la Laddh, Ali Yahia Abdenour, soit une initiative de l'ONG qu'il dirige, indépendamment de la classe politique qui n'a vraisemblablement pas été contactée. En effet, hormis le Front des forces socialistes, dont Aït-Cherif, membre de la direction nationale de ce parti, affirme que son parti a été destinataire du document, d'autres formations proches des thèses développées par la pétition déclarent ne pas avoir été associées à l'appel de la Laddh. Il en est ainsi du Parti des travailleurs, dont les noms des principaux leaders ne figurent pas sur la liste transmise à la presse. Contacté par L'Expression, Mohamed Djoudi, chef du groupe parlementaire du PT, affirme que son parti n'a pas reçu ladite pétition. Cependant, «partant du principe que la levée de l'état d'urgence est une position constante de notre parti et que nous avons toujours milité pour la suppression de toutes les lois d'exception, nous saluons cette initiative», soutient Djoudi. Au MRN, l'autre formation politique qui fait de la levée de l'état d'urgence l'une de ses principales revendications, on insiste sur le fait qu'aucune information sur la circulation d'une pétition n'est officiellement parvenue à la direction du mouvement islamiste. Djahid Younsi qui soutient cet état de fait relève néanmoins que la question soulevée, à plusieurs reprise, par la classe politique bénéficie d'une «presque unanimité». Pour Younsi, «la quasi-totalité des acteurs nationaux ne trouve aucun inconvénient à cela. Pour preuve, même le chef de d'état-major de l'armée, le général Lamari s'est exprimé sur la question en affirmant qu'il n'était pas contre la suspension de cette loi d'exception». En fait, poursuit, Younsi «la pétition de la Laddh confirme un état de fait, qui est que personne ne veut de l'état d'urgence». Cela dit, malgré cette unanimité sur le bien-fondé de la démarche de Ali Yahia Abdenour, aucun leader de parti, à l'exception d'Ahmed Taleb Ibrahimi, ne semble pressé d'allonger la liste des pétitionnaires qui ne comptait jusqu'à hier que 858 signataires, entre parents de disparus, journalistes, fonctionnaires et autres étudiants. En médiatisant son initiative, le président de la Ligue algérienne de la défense des droits de l'homme entend, sans doute, rassembler un maximum de souscripteurs sans transiter par le canal traditionnel des partis politiques. Ces derniers qui affirment n'avoir pas été contactés par l'initiateur de la pétition semblent préférer le statut d'observateur.