Commerce, agriculture, spéculation et désorganisation des marchés sont autant d'éléments laminant le pouvoir d'achat. Qu'en dit le mémorandum? La chaîne des intermédiaires L'ouverture du marché à une importation excessive de produits de consommation a gravement altéré les produits locaux et généré un modèle de consommation inadéquat au modèle national. Cette analyse est contenue dans le mémorandum élaboré il y a quelques jours, par le Cnes et l'Ugta et adressé au président de la République. On y découvre également d'autres dysfonctionnements. C'est ainsi que la prépondérance des activités commerciales dans l'économie nationale ne manque pas de se répercuter sur les prix par un allongement de la chaîne des intermédiaires. Nos agriculteurs ne nous nourrissent plus Le rapport met le doigt sur le fait que les progrès réalisés dans le secteur de l'agriculture restent en deçà d'une demande sociale en constante évolution et les pénuries fréquentes de produits de base installent de vastes réseaux de spéculation. Le pouvoir d'achat en 74 mesures Pour maintenir un pouvoir d'achat décent, de nombreuses recommandations sont émises. On évoque la nécessité de mettre fin aux dysfonctionnements récurrents enregistrés sur les marchés qui témoignent de graves déficits de régulation en dépit des ressources financières publiques mobilisées et des mécanismes mis en place par l'Etat. Ils sont liés à la faiblesse des appareils de l'Etat chargés de la régulation et du contrôle du commerce (impôts, douanes, inspections régionales des prix...). Le cadre législatif et réglementaire ne parvient pas à lutter efficacement contre les pratiques non concurrentielles. Crédit à la consommation Le rapport préconise de mettre en place un système de crédit à la consommation réservé exclusivement aux produits fabriqués localement dont le taux d'intégration nationale dépasse les 30% pour l'acquisition des biens et des services produits localement. Equité devant le fisc Le manque d'équité devant le fisc joue comme facteur d'informalisation de l'économie. La pression fiscale pesant sur les entreprises du formel reste parmi les plus fortes au monde. La défiscalisation relative comme politique de promotion de l'investissement ne peut cacher l'incapacité des pouvoirs publics à élargir l'assiette fiscale. La charge de l'impôt se traduit par une concurrence déloyale que subit l'emprise du formel, lequel est progressivement attirée vers l'informalisation d'une partie de ses activités. Les banques refusent les risques La politique monétaire n'est pas la seule cause de la restriction de l'offre de monnaie en direction de l'économie réelle, ces restrictions sont également à rechercher au niveau du fonctionnement des banques publiques qui refusent de prendre des risques élémentaires en matière d'octroi de crédits aux entreprises et des banques privées à capitaux étrangers, plus prédisposées à faire des profits à très court terme en finançant des opérations d'importation que de prendre des risques en octroyant des crédits aux opérateurs du secteur productif. Ouverture à la concurrence Une des actions préconisées est celle de l'ouverture progressive à la concurrence des secteurs abrités, notamment ceux gérant des services publics marchands (produits d'hydrocarbures, électricité, eau, Télécommunications, etc.). De telles actions sur ces marchés sont inévitables si l'on veut diminuer les formes de gaspillage de ressources rares, celles de l'eau et de l'énergie notamment. Les finances publiques ne pourront soutenir très longtemps des produits dont une partie significative fait l'objet de graves fuites aux frontières du fait de l'asymétrie des prix relatifs avec ceux de nos voisins (carburants, farines, huiles, etc.).