Mériane reconnaît que l'année scolaire est compromise. Le Cnapest décide de reconduire pour la septième semaine la grève des lycées et conditionne le dialogue avec la tutelle à la reconnaissance officielle de ce mouvement. C'est en substance ce qui ressort de son assemblée générale, tenue hier au siège du Cnes, une réunion qui a regroupé, notons-le, les représentants des 40 wilayas. Les intervenants avaient trois minutes pour exprimer leurs positions par rapport «au devenir de ce mouvement de protestation» après les dernières mesures prises par le ministère de l'Education. Ces derniers étaient unanimes à plaider «le maintien de la pression». «Nous sommes aujourd'hui en position de force. Nous n'avons nullement le droit de reculer ou de faire des concessions à M.Benbouzid», atteste le délégué de Mostaganem, chaleureusement applaudi par l'assitance. «La responsabilité de cette impasse que connaît la crise», incombe, en premier lieu, pour le coordinateur du Cnapest, M.Mériane Meziane, aux membres de l'éducation nationale, qui avaient conclu, selon ses déclarations, «un accord tacite pour freiner la mobilisation dans les lycées». Mériane s'est montré des plus virulents en estimant que le Conseil des lycées d'Alger (CLA) a commis une erreur monumentale, en acceptant de dialoguer avec la tutelle en temps que représentant de grévistes. «A vrai dire, le CLA n'a pas dialogué, mais il s'est soumis aux décisions de M.Benbouzid», estime-t-il. Ça ne sera pas le cas du Cnapest qui estime que la balle est maintenant dans le camp de l'Exécutif. «Si le pouvoir veut sauver l'année scolaire et éviter l'année blanche, il n'a qu'à ouvrir un dialogue sérieux et serein avec les vrais représentants des grévistes». Et d'ajouter: «Nous avons pourtant accepté d'être associés comme un syndicat en voie d'être agréé en attendant les résultats du recours, chose que le ministre refuse catégoriquement.» Pour le Cnapest, le ministère cherche la confrontation, il en veut pour preuve le refus des directeurs de l'éducation d'appliquer la circulaire de Benbouzid portant la levée des sanctions contre les enseignants grévistes. C'est le cas notamment des PES de la wilaya de Tipasa, ayant été empêchés d'accéder aux écoles. «Pis encore, il a été décidé de bloquer nos salaires jusqu'à nouvel ordre», précise un délégué de Tipasa. D'autres délégués ont dénoncé les intimidations policières et les poursuites judiciaires dont sont l'objet leurs confrères. Dans un point de presse animé par le coordinateur du Cnapest, en marge de cette rencontre, M.Mériane a expliqué que la lettre adressée au Président a reçu une fin de non-recevoir. «Nous n'avons eu aucune réponse officielle de la part de la présidence», précise-t-il. Le conférencier a formellement démenti les «rumeurs» faisant état d'un problème de leadership au sein de son organisation. «Nous sommes un mouvement solide. Ces informations ont pour objectif de casser notre mobilisation.» A qui profite «ce pourrissement» ? M.Mériane renvoie la question aux journalistes, précisant qu'au lieu de «critiquer les enseignants, il faut peut-être s'interroger sur les motivations ayant poussé M.Louh à rejeter notre dossier d'agrément». Il saisit l'occasion pour rappeler que son mouvement «est neutre», n'obéissant à aucune démarche politique. Aujourd'hui, le Cnapest animera une conférence de presse pour déterminer la durée de cette grève cyclique. La tendance va plutôt vers le maintien de la grève limitée. A l'horizon, et au vu des positions des uns et des autres, aucun indice ne favorise le dénouement de cette crise. Les augmentations décidées par le ministère au profit des enseignants n'ont pas eu l'effet escompté. Pis encore, Mériane estime qu'elle constitue «une autre manipulation de la tutelle».