Ils ont tiré hier à boulets rouges sur le chef du gouvernement, qualifiant ses «instructions» de menace sur les grévistes. Les Professeurs d'enseignement secondaire (PES) ne rejoindront pas leurs postes aujourd'hui, en dépit de l'appel lancé par le ministre de l'Education jeudi à travers le JT de 20h00, mais aussi malgré les mesures arrêtées lundi, en conseil de gouvernement. «Benbouzid aura samedi la surprise de sa vie», nous déclare M.Meziane Mériane. «L'ultimatum» fixé par l'Exécutif ne semble guère déranger ce syndicat qui a reporté son conseil national prévu ce week-end, pour le dimanche. Logiquement le Cnapest sera aujourd'hui en grève et ne se penchera sur la décision de reconduire son mouvement de débrayage ou pas qu'une fois que le délai annoncé par le gouvernement sera expiré. Ce qui est en soit un autre défi lancé aux autorités publiques. Pour Mériane, «il est hors de question de reprendre la tête baissée, car nous refusons que notre dignité soit piétinée». La décision de radier les enseignants grévistes et d'ester en justice «les instigateurs» de ce mouvement semble radicaliser les positions du Cnapest. Ce dernier qualifie d' «utopique» de vouloir remplacer les 60.000 Pest en grève par des universitaires. «M.Benbouzid est libre de passer à l'acte, mais on le prévient que ses menaces seront vouées à l'échec». précise M.Rézigue, un membre du Cnapest. Pour ce dernier «l'appel à la sagesse», formulé sous forme de menace, jeudi par le ministre de l'Education, obéit en réalité «à la politique de pourrissement, très cher au gouvernement». Même si au niveau du Cnapest, on préfère attendre dimanche pour trancher définitivement sur les démarches à entreprendre, le ton semble être d'ores et déjà donné à l'occasion des assemblées tenues ce week-end un peu partout à travers le territoire du pays. A en croire M.Rézigue, la tendance va vers la reconduction pour une autre semaine de la grève. Le Cnapest exhorte aussi les enseignants à ne pas accéder à l'intérieur des établissements, et ce, afin d'éviter d'éventuelles confrontations. Du côté du CLA, c'est le même discours qui est tenu. «On n'a pas le droit d'arrêter la grève», ont soutenu les délégués qui se sont réunis hier en assemblée générale. Ces derniers ont estimé que «la reprise sera considérée comme une trahison à l'adresse des enseignants sanctionnés». Le CLA a tiré hier à boulets rouges contre le chef du gouvernement. Ces «instructions» sont, à son avis, une menace directe contre les enseignants grévistes. Cet acte est l'expression d'une volonté liberticide. La prohibition du droit de grève est du domaine du législatif et non d'un gouvernement exécutif. Partant de ce principe, le CLA estime que «cette disposition n'autorise ni M.Ouyahia ni son ministre de déclarer sauvage une grève et ses délégués de meneurs». On note que certains délégués ont appelé hier à une reprise conditionnée des cours. Aussitôt soulevée, cette proposition a été rejetée par la majorité des enseignants présents à l'AG. Et pour cause, ils constatent que «le gouvernement nous a adressé un ultimatum, preuve qu'il exclut toutes les chances de dialogue». L'autre proposition rejetée, est relative à la démission collective. L'enseignant doit préserver son cadre syndical pour «continuer le combat». «On ne peut pas reculer aujourd'hui», précisent en bloc les délégués. Par ailleurs, les PES attestent que le président Bouteflika est «complice» dans cette décision, et pour ce, il n'est plus la peine de solliciter son intervention. «Il faut être aveugle pour constater que les sanctions émanent tout droit de son cabinet», clame un enseignant. Par ailleurs, un appel a été lancé aux universitaires pour ne pas répondre à l'appel de la tutelle. On note enfin que le Snapap a appelé, dans un communiqué rendu public hier, les grévistes à rejoindre leurs postes dès aujourd'hui. Et ce, pour «contrer les tentatives visant à semer le doute sur ce mouvement».