«C'est pas l'aumône que nous demandons, mais le devoir d'une entreprise pour laquelle on donne nos vies.» L'impatience des travailleurs de la Sonatrach, touchés par le séisme du 21 mai, commence à prendre les allures de grogne. Tous les espoirs se sont effondrés avec la disparition de feu Djamel Eddine Khène l'ex-P-DG de la Sonatrach. Il était présent là où l'on avait besoin de lui. Le destin a voulu qu'il quitte ce monde. Les décisions d'aide ont trop tardé, mais une fois arrivées «c'est la montagne qui a accouché d'une souris», déclare un travailleur. En effet, désabusés, par la forme d'aide proposée par la compagnie, les travailleurs se sont montrés très réticents envers la décision d'attribution d'aide, d'ailleurs tombée cinq mois après le séisme. «La solidarité de nos responsables ne répond pas à nos attentes», crie une femme, n'arrivant pas à contenir ses larmes. Aucun don n'a été au programme, nous indique-t-on, sauf des prêts de 300.000 DA, remboursables sur cinq ans. Le pire qui aurait exaspéré l'ensemble des travailleurs, c'est que même pour bénéficier de ce prêt, des critères ont été imposés «on ne peut plus difficiles à remplir», trouve-t-on. Visiblement irrité par la vie de camp, un des travailleurs sinistrés réplique : «C'est pas de l'aumône que nous demandons, mais le devoir d'une entreprise pour laquelle on donne nos vies, et pis, comment se fait-il que la Sonatrach fasse des dons à des sinistrés d'autres pays et des prêts pour ses propres travailleurs sinistrés?» L'intervention de cette dame masque la colère de ses collègues. «Où sont passées les aides des autres compagnies partenaires de Sonatrach», réplique un autre jeune. Selon les documents fournis, plusieurs millions de dollars ont été octroyés aux sinistrés. 2.841.026,00 dinars et 777.469.78 euros et de 1.976.82 livres sterling et d'autres dans des devises diverses. C'est la valeur des dons des compagnies étrangères déclarés par la direction des finances de Sonatrach. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, dans la même période, la Sonatrach continue de verser des milliards pour les clubs sportifs, le sponsoring et l'organisation des galas artistiques. Même les services des oeuvres sociales de l'entreprise seraient entrés dans cette logique. Rien que pour ce mois de Ramadan, pas moins de 8 soirées artistiques ont été financées par l'argent des travailleurs. Ceux-là mêmes qui sont sinistrés.