«Ce n'est pas un parti islamiste mais c'est une formation qui reflète toute la société algérienne» Hormis le fait qu'il soit un parti qui rassemble les trois tendances de la société algérienne, le TAJ disposera de deux groupes parlementaires apparemment déjà constitués. C'est à Ben Aknoun, sur les hauteurs d'Alger, dans une villa située aux abords du ministère des Finances, que l'ancien ministre des Travaux publics Amar Ghoul a installé son quartier général. Jovial comme d'habitude, il nous accueille pour présenter sa nouvelle formation politique dénommée TAJ (Tadjamou Amel Al Djazaïr) qui veut dire littéralement: Rassemblement pour l'Espoir de l'Algérie. La dénomination a été définie et approuvée par les membres fondateurs de ce parti qui ambitionne de devenir une formation politique incontournable dans le paysage politique national. A cette formation, Amar Ghoul veut insuffler son aura et la sympathie populaire remarquable engrangée durant les législatives du 10 mai dernier. A l'intérieur de la villa qui sert donc de quartier général, les meubles sont à peine installés. Dans la pièce qui fait office de bureau du chef de cabinet, trônent une table, quatre chaises et un téléviseur. On sent que les occupants ne sont pas encore totalement installés. Quelques pièces voisines font office de salles d'attente. Toutes les tendances se retrouvent au TAJ Les visiteurs étaient nombreux. Bravant la chaleur, la soif et le jeûne, ils affluent des quatre coins du pays. Des universitaires, des simples citoyens qui viennent pour la première fois manifester leur soutien à ce parti naissant dans lequel ils placent beaucoup d'espoir. Une ambiance festive règne dans les couloirs de cette villa où se croisent des gens habillés en gandoura, en pantalon classique, chemise et cravate, d'autres, cheveux gominés, des tenues dernier cri en tee-shirt, basket et jeans class. On se bouscule, on se salue. Le téléphone n'est pas installé, seules les sonneries des portables retentissent sans discontinuité. Assaillis par les appels téléphoniques, Amar Ghoul nous accorde quelques instants puis s'excuse avant de revenir à la charge: «Le terme de rassemblement est très important puisqu'il permet de faire converger toutes les tendances qui animent la société algérienne en 2012, à savoir l'islamisme Bc-bg, les nationalistes, les modernistes et les démocrates». Une première en effet en Algérie que de réussir cette prouesse. «Ce n'est pas un parti islamiste mais c'est une formation qui reflète toute la société algérienne dans sa diversité et sa richesse socioculturelle», ajoute encore M.Ghoul avant d'interrompre la discussion pour répondre à un appel urgent. Pas de répit au quartier général. On s'affaire, on s'active, c'est la course contre la montre. «Nous déposerons le dossier d'agrément auprès du ministère de l'Intérieur le 15 août prochain», confie Amar Ghoul ajoutant que «le congrès du parti aura lieu en septembre». C'est lors de ce congrès que seront désignés les instances du parti et le staff dirigeant. Pour les élections locales, les collaborateurs de Ghoul insistent qu'ils ne vont pas placer la charrue avant les boeufs. «Pour les élections locales, la décision n'est pas encore prise, nous préférons nous concentrer sur la tenue du congrès dans les délais et le dossier de l'agrément et le reste viendra en son temps», affirment les mêmes collaborateurs. En attendant, un programme, nous dit-on, moderne, riche, digne des grandes démocraties, a été élaboré par d'éminents économistes algériens, enseignants dans des universités étrangères et algériennes. Le programme en question touche toutes les questions et domaines de la vie politique, économique et sociale. Comment doper la croissance, créer de l'emploi, une politique sociale adéquate et une justice crédible. Ce programme, qui ne sera rendu public qu'une fois les formalités légales accomplies, à savoir l'obtention d'un agrément, n'épargne aucune couche de la société allant des femmes, des jeunes travailleurs ou chômeurs, des étudiant, des retraités aux handicapés, chaque Algérien s'y retrouvera. Autre surprise de taille, hormis le fait qu'il soit un parti qui rassemble les trois tendances de la société algérienne, le TAJ disposera de deux groupes parlementaires apparemment déjà constitués. L'un à l'APN et l'autre au Sénat. A l'APN, de nombreux députés élus sous la bannière de l'Alliance verte, ont exprimé le voeu de rallier le TAJ. Rien que pour Alger, rappelons-le, M.Ghoul a raflé à lui seul le tiers des sièges gagnés par les trois partis de l'Alliance verte réunis. Ainsi, le groupe parlementaire de TAJ à l'APN représentera la 3e ou la 4e force politique du pays. Au Sénat, le TAJ disposera d'un groupe parlementaire assez fort, nous indiquent les collaborateurs de M.Ghoul. Ce qui est surprenant d'ailleurs, c'est que les visiteurs viennent des quatre coins du pays. Pour la plupart des jeunes. Ils ont une idée bien ancrée de Ghoul: il est perçu comme un bâtisseur. Des trémies, des routes, des ponts, des échangeurs. Il n'y a pas une wilaya où l'on ne retrouve pas sa trace en termes d'infrastructures. S'il est réputé pour être un bosseur infatigable, Amar Ghoul, est aussi affable et accessible, il est proche du peuple. Amar Ghoul est né le 21 février 1961, dans la localité d'El Abadia, dans la wilaya de Aïn Defla. Il a assumé plusieurs postes de responsabilité dans sa carrière qui lui ont permis de se forger une stature d'homme d'Etat doublé d'une modestie à vous désarçonner. Il obtient son Bac de mathématiques au lycée de Miliana en 1980. En 1986, il occupe le poste d'ingénieur d'Etat en génie civil à Rouiba. En 1989, il part pour la France où il obtient en 1991 un doctorat en génie nucléaire. L'égatlité sociale ne sera pas un mot creux En 1998, il est diplômé à Oran où il décroche le diplôme de docteur d'Etat en génie mécanique. Ce père de 3 enfants, s'est fait également un parcours politique. Il a été élu à plusieurs reprises député à l'Assemblée populaire nationale. Ancien chercheur dans une université française dont il était enseignant, il a également occupé le poste de ministre de la Pêche et des Ressources halieutiques avant d'être nommé ministre des Transports publics et désigné à deux reprises ministre des Travaux publics. Dans ce poste, il a offert à l'Algérie l'un des plus grands projets du siècle, à savoir l'autoroute Est-Ouest ainsi que d'autres réalisations qui hissent l'Algérie au rang de plus grand pays africain doté de grandes infrastructures routières. Avec la création de son nouveau parti le TAJ, il offre une nouvelle perspective non seulement aux jeunes mais aussi à toutes les personnalités du FLN, du RND, déçues par la gestion de leurs partis. Nombre d'entre ces militants ont déjà rallié Amar Ghoul. Il y a aussi d'anciens ministres, des diplomates et d'anciens ambassadeurs. Si depuis le début de la crise au MSP, Amar Ghoul s'est gardé de faire la moindre déclaration à la presse, il confie que dans son projet politique, sa fibre nationaliste l'a emporté sur sa culture islamiste. «J'aurai pu rester au MSP où j'avais de très forts soutiens. J'aurai pris la tête du parti mais cela ne réglera rien au problème, la crise persistera.» Non, Ghoul veut un nouvel édifice, une nouvelle architecture faite de toutes les composantes de la société algérienne. L'égalité sociale ne sera pas un mot creux au TAJ. Le parti se propose de corriger les injustices dont souffrent des millions d'Algériens comme l'accès au logement, aux soins adéquats et dignes, un enseignement de qualité, l'accès au travail et une justice crédible. C'est ainsi que le TAJ ambitionne de couronner son travail.