La baisse du dinar par rapport au dollar aura des répercussions inquiétantes En pompier, l'Ugta anticipe sur les événements. Le patron de la centrale syndicale, Abdelmadjid Sidi Saïd, réunira son état-major la semaine prochaine. Pas de répit pour les ménages. Après la furie des prix durant ce mois de Ramadhan, une nouvelle flambée est annoncée à la prochaine rentrée sociale. Et quand c'est la Banque mondiale et l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), qui l'annoncent, il faut y croire. Dans les rapports établis par ces deux institutions, il est clairement signifié que les prix de produits alimentaires connaîtront une nette augmentation au dernier trimestre de l'année en cours et au début de 2013. Le président de la Banque mondiale (BM) s'est inquiété, il y a quelques jours, de la récente flambée de certains prix alimentaires, sous l'effet notamment d'une vague de sécheresse aux Etats-Unis, et de ses «conséquences néfastes» sur le sort des populations pauvres. De leur côté, les analyste de la FAO redoutent la vulnérabilité du marché. «Les prix des cultures ont subi un brusque fléchissement tout en demeurant néanmoins élevés et vulnérables (...)», expliquent ces analystes. Cette volatilité des prix au plan mondial se répercutera directement sur les marché algérien et entraîne un risque fondamental sur la sécurité alimentaire du pays puisque l'Algérie importe plus de 50% de ses produits alimentaires. Se basant sur ces données de la BM et de la FAO, l'Union générale des commerçants et artisans algériens (Ugcaa) prévoit, pour sa part, une augmentation à hauteur de 20% sur les prix de produits alimentaires fin 2012 et début 2013. Un autre élément de taille vient corroborer cette analyse: une dégringolade non annoncée du dinar par rapport au dollar. En toute discrétion. Selon les cotations officielles de la Banque d'Algérie, la monnaie nationale a perdu près de 10% de sa valeur face au billet vert. Elle est passée de 74,56 dinars pour un dollar à 81,99 dinars. Inévitablement, la baisse du dinar par rapport au dollar aura des répercussions inquiétantes. A commencer par les ménages qui verront les prix des produits alimentaires flamber dans les prochains jours ou, au plus tard, dans les prochaines semaines. L'explication est toute simple: L'Algérie paie l'essentiel de ses produits de consommation importés en dollars: alimentation humaine, aliments pour bétail, matières premières entrant dans la fabrication des produits alimentaires, les véhicules (marques asiatiques et américaines), etc. L'Europe fournit à l'Algérie essentiellement des équipements. Par ailleurs, le renchérissement du billet vert face au dinar va provoquer des hausses en cascade de plusieurs prestations directement liées aux importations. Lesquelles prestations sont indexées sur le montant global des importations. On cite notamment les droits de douane, les assurances, les commissions bancaires, etc. Au bout de la chaîne, c'est le consommateur algérien qui sera ainsi lourdement pénalisé dans la mesure où ces hausses seront répercutées par les opérateurs et les importateurs sur les prix finaux payés par le simple citoyen. Comment sera perçue cette augmentation? Comment sera-telle vécue auprès des couches les plus vulnérables de la société déjà mises à rude épreuve par le Ramadhan et la rentrée scolaire? Comment sera-t-elle gérée par les pouvoirs publics? L'Etat va-t-il poursuivre sa politique des subventions au moment où on annonce des coupes budgétaires significatives dans la loi de finances 2013? C'est un véritable défi qui attend les pouvoirs publics durant la rentrée prochaine. En pompier, l'Ugta tente d'anticiper sur les événements. On croit savoir que le patron de la Centrale syndicale, Abdelmadjid Sidi Saïd, réunira son état-major la semaine prochaine. La réunion sera consacrée à des dossiers éminemment sociaux dont notamment la rentrée sociale et le pouvoir d'achat qui ne cesse de se dégrader. La rentrée sociale ne sera pas de tout repos pour les pouvoirs publics. Depuis les émeutes de l'huile et du sucre de janvier 2001, l'Etat a ouvert les vannes de la rente excitant l'appétit de toute une société. Il ne sera plus possible de satisfaire cette voracité provoquée. Les lendemains font peur.