la rencontre de Tunis des 5+5 du mois prochain est en débat entre les pays de l'Union maghrébine. Alger a abrité hier une réunion des ministres des Affaires étrangères de l'Union du Maghreb Arabe (UMA). Elle a été consacrée à la concertation entre les pays maghrébins sur la préparation du futur sommet des 5+5 (les 5 pays de l'UMA et les 5 pays européens de la rive occidentale de la Méditerranée ) prévu dans la capitale tunisienne entre le 4 et le 6 décembre prochain. Les chefs de diplomatie des 5 pays d'Afrique du nord, dont certains étaient arrivés la veille de cette rencontre, à l'image du Tunisien Lahbib Benyahia ou du Mauritanien Mohamed Fal Ould Bilal, suivi hier après-midi par le Libyen, Abderrahmane Chalkam, et du Marocain, Mohamed Benaissa, devaient discuter et examiner l'élaboration d'un document sur la vision commune des pays de l'UMA concernant les questions à débattre lors du sommet de Tunis. D'ores et déjà, les thèmes de la sécurité, de la stabilité dans la région de la Méditerranée, de l'émigration clandestine, de l'intégration économique et du dialogue des civilisations seront les principaux axes des débats et des échanges de vue durant les futures retrouvailles euro-maghrébines dans la capitale tunisienne. Ils s'appuieront, pour cela, sur les documents de travail issus du comité de suivi de l'UMA qui s'est réuni il y a quelques jours à Tripoli en Libye. Intervenant à l'ouverture de cette réunion en terre libyenne, le ministre délégué algérien chargé des Affaires maghrébines et africaines, M. Abdelkader Messahel, a salué la volonté des pays de l'UMA à oeuvrer à la cristallisation d'une diplomatie homogène impliquant des positions et des vues communes notamment dans le dialogue avec le partenaire européen. Pour lui, la tenue presque concomitante des réunions des groupes sectoriels maghrébins dans les capitales respectives composant le regroupement est autant une première qu'un indice révélateur de cette quête de la diplomatie commune et homogène. Est-ce à dire alors que les pays de l'UMA vont se présenter a ce sommet des 5+5 de Tunis en rangs serrés? Rien ne milite pour cette option unitaire surtout qu'aucun sommet des chefs d'Etats des pays du Maghreb attendu depuis près de dix ans n'est en vue pour préparer dans l'union et la concertation cet important rendez-vous diplomatique avec les vis-à-vis européens. Or, de l'avis de tous les observateurs et analystes des affaires maghrébines, sans cette rencontre au sommet entre hauts responsables du regroupement, la partie maghrébine se présentera probablement «désavantagée», sinon handicapée pour ce sommet de Tunis du mois prochain. La question de la décolonisation du Sahara occidental en suspens depuis plus d'un quart de siècle, tout en empoisonnant d'une manière ou d'une autre le climat des rapports entre Alger et Rabat, a des répercussions inévitablement négatives sur la construction maghrébine et partant sur son volet essentiel, sa diplomatie. D'ailleurs, ce n'est pas par hasard, si, dans une tentative d'aplanir les «tensions» entre les deux capitales, le chef de l'administration américaine, George Bush vient d'envoyer au président Bouteflika et au roi Mohammed VI des messages les appelant à trouver la formule et les termes d'une entente commune entre les deux parties et de trouver ensemble une solution à l'épineux dossier du Sahara Occidental. Toutefois, si les deux pays disent verbalement qu'ils sont prêts à y contribuer, ils restent profondément divisés quant à la manière de concrétiser cette entente avec les conséquences que l'on sait sur le développement de l'UMA et sa crédibilité. Alors sommet de Tunis ou pas, les intérêts nationaux de ses acteurs ne sont pas près de s'effacer devant les velléités unitaires des peuples de la région.