Constant que la situation de blocage actuelle de l'Union du Maghreb arabe pénalise énormément les pays de la région, notamment sur le plan économique, le président tunisien s'active depuis quelques semaines à renouer les contacts pour relancer la machine en mettant de côté le dossier qui fâche du Sahara occidental. Mettant à profit le court séjour de Abdelaziz Bouteflika à Tunis, Zine El-Abidine Ben Ali aurait obtenu son aval pour donner une nouvelle impulsion à l'Union du Maghreb arabe (UMA). Cet accord, somme toute logique car l'Algérie s'est toujours déclarée disposée à apporter sa contribution à concrétiser l'UMA, est la dernière étape des efforts entrepris par le chef de l'Etat tunisien dans ce cadre. Il a commencé par envoyer plusieurs messages au cours du mois de janvier à ses homologues maghrébins par le biais de ses émissaires. Ainsi, le 10 janvier dernier, il avait chargé son conseiller Foued Mebazâa de la mission d'envoyé spécial porteur d'un message du Président de la République à son frère le roi Mohammed VI du Maroc. Le même émissaire s'est ensuite rendu en Algérie, le 22 janvier, pour transmettre un message à son frère le Président algérien Abdelaziz Bouteflika. Entre-temps, Zine El-Abidine Ben Ali avait donné instruction, le 8 janvier, à son ministre des Affaires étrangères, Abdelwaheb Abdallah, de parfaire la préparation des réunions des commissions mixtes avec les pays maghrébins et arabes, de la réunion des ministres des Affaires étrangères du groupe du dialogue 5+5, tenue à Rabat les 21 et 22 Janvier 2008, et de la réunion du dialogue entre l'Union du Maghreb arabe et la Troïka européenne. Le but était de préparer le terrain à une relance de l'UMA. Le président tunisien est conforté dans son entreprise par un message que lui a adressé le souverain marocain qui insiste que la question du renforcement du développement durable, notamment dans la région du Maghreb arabe, et s'insérant dans le cadre du dialogue et de la coopération avec l'Union européenne et du partenariat euro-méditerranéen. Il est également encouragé dans ses efforts par la position de la Mauritanie, désireuse elle aussi de voir l'UMA prendre forme. Voilà beaucoup de signes positifs qui laissent entrevoir un rapprochement des positions sur la question, d'autant plus que toutes les parties s'accorderaient à laisser en marge le conflit du Sahara occidental, source de la majeure partie des blocages. Par ailleurs, d'autres éléments versent dans le même sens, comme la création prochaine à Tunis de la Banque maghrébine d'investissement et de commerce extérieur. Cette institution financière peut assurer la promotion et la facilitation du financement du commerce extérieur et des projets productifs d'intérêt commun, économiquement viables, notamment avec le concours de l'Union des banques maghrébines. Le conseil d'administration de cette institution a même discuté lors de sa dernière réunion d'un projet de créer une monnaie unique pour le Maghreb. Il y a également cet engouement du patronnat maghrébin à contribuer à la concrétisation de l'UMA, comme l'a souligné l'Union maghrébine des employeurs, dans son rapport. Elle a insisté sur le rôle du secteur privé dans le développement économique et l'intégration régionale au Maghreb, “la conception et la mise en place d'une charte maghrébine de l'investissement”, unifiant et harmonisant les codes d'investissement des cinq pays. Faut-il croire que l'Union du Maghreb arabe, dont le dernier sommet remonte à 1994 et qui n'arrive plus à réunir ses dirigeants depuis, va connaître un regain d'activités prochainement ? L'espoir existe et sa concrétisation passe par l'aplanissement des différends ou leur mise au placard et à laisser le temps faire son effet. K. ABDELKAMEL