Sans dire explicitement qu'il y a une crise d'hommes d'Etat en Algérie, d'où la fragilité des institutions et la peur du changement d'une manière ou d'une autre, Abdelaziz Rahabi, ex-ministre, et Ammar Belhimer, politologue, ont dressé lundi, un véritable réquisitoire contre le régime qui a précédé l'Algérie post-Indépendance. «Depuis, le régime en place confectionne des Constitutions sur mesure qui leur permettent de rester au pouvoir, à commencer par la première Constitution algérienne de 1963 qui a été élaborée dans une salle de cinéma «Le Majestic», en dehors de l'institution parlementaire. «Celles qui ont suivi depuis 1976, ont étés rédigées secrètement sans consensus national qui trace le projet de société national», a-t-on regretté à la librairie Emir Abdelkader à Alger-Centre. «La violence politique institutionnelle» a régné tout au long de la vie quotidienne des Algériens, ont-ils ajouté. Assassinats politiques, démissions illégales et anticonstitutionnelles des présidents Chadli Bendjedid et Liamine Zeroual, qui ont prêté serment pour veiller sur la Constitution, ont fini par démissionner, alors qu'ils n'avaient pas le droit de quitter le pouvoir à la croisée des chemins. Liamine Zeroual a eu au moins l'audace politique de limiter le mandat présidentiel à deux, avant de proposer un autre projet de loi qui fixe le mandat présidentiel à 7 ans non renouvelable, afin de permettre l'alternative démocratique. L'Algérie a connu 8 constitutions et 7 présidents en 50 ans depuis l'Indépendance (Ahmed Ben Bella, Houari Boumediene, Chadli Bendjedid, Mohamed Boudiaf, Ali Kafi, Liamine Zeroual et Abdelaziz Bouteflika, actuellement). Le pays est toujours régi par le clanisme politique, et ce contre la volonté du peuple et la sanction des urnes dans la transparence Faisant fi de la plateforme du Congrès de le Soummam du 20 Août 1956, qui a mis en place les fondements de l'Etat algérien, à commencer par la consécration du politique sur le militaire, les décideurs politiques depuis, cherchent des modèles inspirés de l'Occident et du Moyen-Orient, alors que le modèle que les Algériens ont adopté est toujours d'actualité. Préconisant la violence politique comme modèle de gestion, alors que les deux premières forces politiques du pays (FLN-FFS) ont signé un protocole en 1963, afin d'impulser l'émergence d'une société civile pacifique, basée sur le dialogue et la concertation, le discours politique violent, s'est répercuté négativement au niveau du langage et du comportement du quotidien des Algériens, qui sont devenus, à leur tour, «violents et agressifs». L'absence d'un consensus national autour de la Constitution algérienne qui devait réguler la vie politique, économique, sociale et culturelle, d'où les crises successives depuis l'Indépendance, pose de gros problèmes pour la stabilité et le développement du pays. La faiblesse de l'élite et de la classe politique algérienne la lassitude et la désaffection du peuple pour les affaires politiques et publiques a fait des Algériens en l'état actuel des choses, des citoyens qui ne font confiance qu'à eux-mêmes. Le marché informel occupe un taux de 40% de l'économie nationale. C'est-à-dire que près de la moitié de la population vit hors la loi.