La fronde n'a épargné aucun parti Agissent-ils d'une manière autonome ou y a-t-il des hommes de l'ombre qui tirent les ficelles? A l'approche des élections locales du 29 novembre prochain, les choses semblent s'accélérer au sein des partis politiques. Après une première moitié du mois de Ramadhan relativement calme, les ardeurs commencent à se manifester et les contestataires reviennent à la charge. L'épicentre de la crise se situe au sein des deux partis au pouvoir, le FLN et le RND et au parti islamiste, le MSP en l'occurrence. D'autres partis en ressentent les répliques, notamment, le FNA, l'ANR. Les dissidents de tous ces partis veulent déloger les directions nationales et «corriger» les lignes politiques de leurs formations. Il n'y a pas que cela, bien entendu, car les choses sont allées très loin jusqu'à envisager des instances parallèles et d'établir des listes électorales indépendantes. Qu'est-ce qui fait courir donc les frondeurs? Agissent-ils d'une manière autonome ou y a-t-il des hommes de l'ombre qui tirent les ficelles? Y a-t-il une stratégie pour ébranler cette classe politique déjà léthargique et médiocre? En tout état de cause, ces partis embourbés au coeur du cyclone impriment à la scène politique un poncif éculé, parasité et pollué. La crise la plus profonde est celle qui secoue depuis... 1962 le FLN. Actuellement, les frondeurs qui ont manqué de peu leur but de destituer le secrétaire général Abdelaziz Belkhadem lors de la session extraordinaire du Comité central les 15 et 16 juin passé, tâchent de restructurer. Ils ont organisé les rencontres régionales est, ouest et centre du pays et installé des comités de coordination régionale. Une rencontre similaire est prévue pour la région Sud du pays, avant de convoquer une rencontre nationale des délégués régionaux, qui dégagera une Coordination nationale. C'est dire que les prochaines semaines seront chaudes pour le parti de Belkhadem qui risque d'être broyé par ses propres prétentions. L'autre parti, qui se débat dans une crise depuis les élections législatives du 10 mai dernier, est la formation d'Ahmed Ouyahia, le RND. Les contestataires, qui qualifient le score du RND de médiocre incombent la responsabilité au secrétaire général du parti et réclament la tenue d'un congrès extraordinaire. Alors que les frondeurs se remettent en mouvement, la direction nationale du RND a entamé la tenue des sessions des conseils de wilaya pour préparer les élections locales du 29 novembre prochain, les frondeurs n'écartent pas l'éventualité d'aborder ces élections avec des listes indépendantes. Les élections législatives ont provoqué une autre crise au sein du MSP qui, non seulement, a quitté l'Alliance présidentielle, adhéré à une alliance islamiste, mais a décidé aussi de ne pas faire partie du prochain gouvernement et de boycotter les instances de l'APN, en signe de protestation contre une réelle ou supposée fraude électorale. Le parti de Bouguerra Soltani, qui couve cycliquement des crises, a perdu l'un de ses anciens cadres, l'ex-ministre des Travaux publics, Amar Ghoul, qui a décidé de lancer un nouveau parti qui promet de vider le MSP de sa substance. Ces trois responsables (Belkhadem, Ouyahia et Soltani) n'ont pas caché leurs ambitions présidentielles. Les frondes sont-elles créées dans le but de leur couper l'herbe sous les pieds et de leur barrer la route vers le Palais présidentiel? Le FLN, le RND et le MSP ne sont, cependant, pas les seuls partis qui traversent des situations «anormales». Le FLN de Moussa Touati, en crise depuis presque 4 ans, a replongé dans un climat délétère. Les choses ont empiré à tel point que les contestataires ont empêché la tenue du congrès du parti, poussant les partisans de Moussa Touati à délocaliser le lieu de la rencontre. L'Alliance nationale républicaine (ANR) est lui aussi plongé dans une crise ces derniers jours suite à la suspension de toute activité partisane de sept secrétaires nationaux. Les opposants à la politique du nouveau secrétaire général du parti, Belkacem Sahli, comptent convoquer une session extraordinaire du conseil national pour «remettre l'ANR sur les rails». La classe politique nationale risque ainsi d'aborder la prochaine échéance électorale en rangs dispersés, dans le désordre.