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Tarawih, jeux et flânerie
AMBIANCE RAMADHANESQUE À BEJAIA
Publié dans L'Expression le 11 - 08 - 2012

Vide le jour, la ville de Béjaïa renoue avec l'ambiance festive juste après le ftour. Les soirées du Ramadhan prennent de la couleur à Béjaïa.
La capitale des Hammadite vit une ambiance hors normes et rompt la monotonie imposée par la chaleur suffocante d'un mois d'août. Cela n'arrive qu'après la rupture du jeûne. Une virée dans la ville de Bejaia pendant la journée, particulièrement dans les quartiers populeux qui ne désemplissent pas d'habitude et grouillent de monde, permet d'observer en effet, l'inactivité et la nonchalance qui caractérisent le quotidien des habitants en ce mois de Ramadhan, devenu synonyme d'oisiveté et de farniente. Les principales artères de la ville sont presque vides et ne désemplissent pas de personnes qui préfèrent se ruer vers le marché des fruits et légumes en effervescence permanente pour scruter les étals et faire leurs emplettes avant que le mercure ne grimpe encore. Toutefois, quelques minutes seulement après l'iftar, la ville de Béjaïa retrouve son animation et sa frénésie. Ainsi, les habitants s'engagent avec entrain dans les ruelles de la ville, qui pour accomplir la prière des tarawih, qui pour profiter de l'ambiance nocturne et la douceur de la température en déambulant en famille. En effet, après le f'tour, les mosquées se remplissent de fidèles pour la prière des tarawih, les cafés regorgent d'amateurs de dominos et les espaces de loisirs s'avèrent trop exigus pour contenir tout ce beau monde. C'est l'avant dernier week-end avant l'Aïd. L'ambiance a atteint sa vitesse de croisière pour donner lieu à une situation festive au bonheur des Béjaouis. La détente est permise en famille. Une détente qui n'échappe cependant pas à la préoccupation de l'heure. Les boutiques et les magasins ont la cote en ce dernier virage de Ramadhan. Les ménages cherchent à habiller leurs enfants. L'Aïd s'annonce. L'appel à la rupture du jeûne et à la prière du Maghreb est attendu avec joie, mêlée d'impatience. Certains se regroupent dans les quartiers, d'autres se mettent au balcon et dès l'appel du muezzin à travers tous les coins et recoins de la ville, c'est le vide qui s'installe. C'est le moment de rompre le jeûne. Chacun retrouve son petit chez soi. Avec le cliquetis des cuillères qui plongent dans l'assiette de chorba. Les rues de la ville sont désertes pendant presque une demi-heure. Ce sont les mordus de café qui sortent les premiers pour envahir les cafés.
Les «saha ftourek» fusent de partout.
Le bruit reprend tel une machine qui vient d'être réparé. Le brouhaha aussi et la ville s'anime. C'est à croire que ce sont d'autres habitants qui ont pris place dans les quartiers. Entre les mines défaites affichées avant l'adhan et celles d'après le ftour, c'est tout un monde. Le contraste est saisissant. Ces passants, pressés, agressifs et nerveux redeviennent comme par enchantement, agréables. Même dans les tenues vestimentaires. Entre ceux qui sont revêtus de tenues pratiques pour se sentir à l'aise et ceux vêtus de la gandoura pour la prière des tarawih, deux mondes s'agitent de nouveau pour faire des rues et quartiers de la ville de Béjaïa des endroits assez pittoresques. Presque tout le monde est déjà dehors. On s'attable dans les cafés pour prendre une tasse de café ou de thé et griller quelques cigarettes. On s'adonne aux jeux de cartes ou de dominos. Les adolescents et jeunes étudiants se ruent, en revanche, vers les cybercafés en quête d'évasion sur la Toile. Facebook, Tchat via Messenger, MSN et bien d'autres sites interactifs, tout semble bon pour passer le temps. Pour d'autres, les mosquées deviennent leurs lieux de prédilection. Le flux habituel est tel que cela dépasse de loin les capacités de ces structures. Ce n'est qu'après la prière des tarawih que la véritable ambiance s'installe dans les quartiers et les salles de spectacle. Tout s'emballe.
Du TRB jusqu'à la Maison de la culture en passant par le stade scolaire, des spectacles divers et gratuits sont offerts au public. Il y en a pour tout âge et tous les goûts.
Les enfants, après avoir investi les rues profitent des galas artistiques dans tous les coins de rue. Il y en a parmi eux qui se contentent de partager des moments de joie avec des camarades et des voisins. On se réunit en petits groupes, comme c'est le cas dans certaines localités rurales, discutant de tout et de rien jusqu'à l'aube.
Dans les campagnes, l'animation est plus difficile. Le manque de moyens de distraction est criant. Alors on s'invente des loisirs adaptés à son entourage et à ses moyens.
Le loto bat son plein dans les villages et il n'y a pratiquement que ça pour passer le temps jusqu'au s'hour. Dans les villes de l'intérieur, rien n'est encore prévu pour les soirées de Ramadhan. Beaucoup d'autres choisissent de se rendre en ville chaque soir. En voiture ou par un moyen de transport collectif, les habitants de centres surbains de la vallée de la Soummam et ceux des différentes régions montagneuses se rendent à Béjaïa pour une part des spectacles qui s'y déroulent. A Sidi Aïch, une ville qui a connu d'autres temps autrement plus gais, mis à part les cafés et le sempiternel loto, rien n'est venu égayer les soirées. Seuls les cybercafés tentent de rivaliser avec les cafés. Passe encore pour les hommes, les femmes quant à elles, sont généralement confinées à la maison avec la télé pour seule distraction. Comme chaque année, le Ramadhan est certes le mois des grosses dépenses, mais aussi celui des retrouvailles entre familles. L'on se redécouvre, l'on s'invite et l'on tisse des liens encore plus forts.
Le Ramadhan est un invité spécial qui a ses exigences, ses dépenses et aussi une période où l'on raffermit les liens familiaux que le temps a émoussés. Aux environs d'une heure du matin, l'animation baisse.
Dans certains endroits de la ville, des commerces ferment à des heures tardives de la nuit avant que tout le monde ne regagne enfin son foyer après une longue soirée de défoulement à laquelle succèdera une autre journée de jeûne et ainsi de suite durant 30 jours. A Béjaïa comme ailleurs, les scènes de colère et d'énervement sont nombreuses dans la journée, mais la nuit, la température tombe d'un seul coup. Il paraît que c'est cela aussi le Ramadhan!


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