Les quelque 2000 âmes vivant dans cette bourgade n'ont pas grand-chose à faire durant les soirées du Ramadhan. Les veillées ramadhanesques sont animées dans certaines agglomérations de la wilaya de Annaba. Dans es bourgades retirées, après la prière des tarawih c'est la rue et les cafés pour les jeunes et moins jeunes, sinon dans la chaumière...devant la télévision. Juste après la rupture du jeûne, Aïn Essaïd, cette petite bourgade distante de quelques kilomètres du chef-lieu de Aïn El Berda, commence quelque peu à s'animer. Bien que l'éclairage fait pratiquement défaut dans la plupart de quartiers de ce petit bout de village, le centre affiche une certaine vivacité. Les habitants y prennent le café ou vont à la mosquée. La bourgade est par endroits fortement boisée. Il faut traverser plus de 6 km en pente sinueuse pour constater un semblant d'animation. C'est pour dire qu'entre l'entrée et la sortie du village, la rue qui sombre dans l'obscurité, n'offre pas grand-chose à voir, pas même des devantures pou le lèche-vitrine. Les jeunes, après le ftour s'adonnent à un incessant va-et-vient tout le long de la rue principale. Les cafés concentrent déjà les premières vagues de gens qui fuient les maisons à la recherche de défoulement autour de parties de cartes et de dominos, devant les posters géants de l'équipe nationale et face au petit écran de télévision accroché au mur, discutant de tout et de rien, de feuilletons télévisés, notamment Nsibti Laâziza, diffusé sur Nessma, la chaîne du Grand Maghreb. La voix de l'imam sur le haut-parleur qui prêche avant la prière d'El Icha, parvient aux coins les plus reculés du village. La mosquée demeure le principal pôle d'attraction des habitants de Aïn Essaïd. Aussi, en l'absence d'une maison de jeunes, les salles de jeux construites dans desbaraques de fortune sont le seul lieu d'évasion. A Aïn Essaïd, il n'y a ni animation ni soirées musicales. Seuls les mieux nantis, ceux possédant un véhicule, peuvent se rendre à Aïn El Berda ou à Annaba-villa pour faire du lèche-vitrine ou voir un spectacle. Les jeunes sont, quant à eux, agglutinés par petits groupes au pied des quelques lampadaires, certains assis à même le sol, certains adossés contre un mur. La plupart n'ont même pas de quoi passer une heure dans un cybercafé à Aïn El Berda. En somme, les quelque 2000 âmes vivant dans cette bourgade n'ont pas grand-chose à faire durant les soirées du Ramadhan. Ils n'ont que la mosquée, le café et la rue. C'est dire que le mois sacré n'a plus le charme des années d'antan. Le chômage terrasse bien des gens. Aujourd'hui, ils n'ont plus de quoi s'offrir des boissons dans un café suffisamment pour deux ou trois parties de cartes ou de dominos. Vivre Ramadhan dans une agglomération comme Aïn Essaïd sans ressources est synonyme de manque d'activité culturelle. L'absence de transport est un autre handicap. Avant minuit, le village se vide totalement. Aïn Essaïd est la seule localité vivant les nuits ramadhaneques loin des véritables veillées que mènent les habitants des grandes communes de la wilaya de Annaba.