Les relations algéro-américaines se sont considérablement intensifiées depuis deux ans. Le secrétaire d'Etat américain, Colin Powell, se rendra le 2 décembre prochain en Algérie, dans le cadre d'une tournée dans le Maghreb, a annoncé hier l'ambassade des Etats-Unis à Alger. Cette visite s'inscrit dans le cadre de la campagne mondiale de lutte contre le terrorisme, déclenchée par les Etats-Unis depuis les attentats du 11 septembre 2001. Les USA ont réitéré mercredi, après les attentats d'Istanbul qu'ils «sont fermes dans leur détermination à vaincre le terrorisme». Réaffirmant par là même qu'ils menaient en Afghanistan et en Irak «une mission de liberté et de démocratie», ils ont du mal à réaliser l'unanimité autour de leur politique. Dans ce cadre, le président américain George W.Bush n'a pas manqué de stigmatiser les réticences des Européens et des pays arabes vis-à-vis de sa «guerre contre le terrorisme», d'où l'intérêt de cette visite durant laquelle le secrétaire d'Etat américain est censé raffermir les relations jugées excellentes entre l'Algérie et les Etats-Unis. Lesquelles se sont considérablement intensifiées depuis deux ans, particulièrement dans la lutte contre le terrorisme international. M.William Burns, secrétaire d'Etat américain adjoint, chargé de l'Afrique du Nord et du Moyen-Orient, a affirmé, lors de la visite qu'il a effectuée dans notre pays le mois dernier, que les «Etats-Unis s'efforcent d'apporter toute leur contribution et assistance à l'Algérie dans ses efforts considérables pour combattre ce fléau, notamment en matière d'échange de renseignement». Le dossier des armes demandées par l'Algérie sera, sans doute, au menu des discussions qu'aura Colin Powell avec les officiels algériens, estiment les observateurs. Les prisonniers algériens à Guantanamo et la base militaire dans le Sud que compteraient installer les Américains dans le Sud algérien, dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, sont autant de dossiers qui s'imposeront de force lors de la visite de Colin Powell, même si pour le dernier point, les Américains ont, par la voix de Burns, catégoriquement démenti l'information. Un démenti qui ne semble guère convaincre la classe politique ayant exigé la vérité sur ce dossier. Cela dit, de nombreux analystes mettent cette visite sur le compte également de la coopération algéro-américaine sur des questions internationales stratégiques, à l'image de l'affaire Lokerbie et du nucléaire iranien où l'Algérie a joué les premiers rôles. Cela en plus du dossier érythréen réglé par l'Algérie au moment où notre pays présidait aux destinés de l'OUA. En fait, même si les Américains se félicitent du niveau élevé de la coopération bilatérale renforcée au cours des quatre dernières années, il reste que celle-ci est encore limitée au traditionnel secteur des hydrocarbures, même si l'industrie intéresse timidement les investisseurs américains. Il faut dire que contrairement aux Français, les Américains ont renforcé leur présence dans le Sud algérien, précisément dans les zones pétrolières, durant la décennie noire. La partie algérienne proposera certainement l'élargissement de ce partenariat à d'autres secteurs. L'on note qu'un pas a été déjà franchi dans ce sens, puisque des négociations sont en cours pour un accord sur le trafic aérien, aussi des compagnies américaines ont soumissionné et obtenu des contrats, notamment celui de la station de dessalement d'eau de mer d'un montant de 250 millions de dollars. L'on ne peut clôturer ce chapitre sans préciser que les USA soutiennent l'accession de l'Algérie à l'OMC. Ces derniers se sont aussi engagés dans des négociations avec l'Algérie pour notamment un accord «Open Skies» qui permettra d'améliorer le système général de préférence pour le commerce avec notre pays. Dans un autre chapitre, l'on note que l'Algérie est parmi les 25 pays musulmans dont les ressortissants vont bénéficier d'allègement dans les procédures d'accès et de séjour aux Etats-Unis. Une décision récemment prise par le secrétariat américain chargé de la sécurité intérieure. A préciser qu'environ 1500 Algériens courent la menace d'expulsion du territoire américain où ils séjournent d'une manière illégale. Dans le domaine politique, les relations entre les deux pays semblent être au beau fixe. En dépit des critiques formulées par les ONG internationales, Bouteflika a bénéficié de l'appui des Américains. Une donne qui pèsera lourd dans la campagne à la présidentielle de 2004. On note enfin que sur le plan international, les Américains et notamment sur la question du conflit du Sahara occidental conforte l'approche de l'Algérie «en soutenant le plan de paix élaboré par l'envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies, M.James Baker, ce qui constitue un appui de taille pour le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination».