Après avoir ignoré l'Algérie lorsqu'elle affrontait l'hydre terroriste durant la précédente décennie, les Etats-Unis daignent enfin envoyer à Alger un représentant de haut rang en la personne du secrétaire d'Etat Colin Powell, l'équivalent américain du ministre des Affaires étrangères. Jusque-là, l'Algérie n'avait droit qu'aux sous-secrétaires. La visite du chef de la diplomatie US, qui arrivera en fin de matinée, après avoir séjourné l'après-midi d'hier en Tunisie et passé la nuit au Maroc, ne durera que quelques heures, deux exactement, à en croire certaines sources. Powell consacrera son temps algérien à un entretien avec le chef de l'Etat. Cette tournée dans les trois pays du Maghreb intervient pour relancer une concurrence stratégique que les Etats-Unis entendent rendre plus rude pour les Européens. La démocratisation de l'Algérie, le terrorisme et les relations économiques seront les principaux points que Powell abordera avec Bouteflika. Pour ne pas heurter la sensibilité des dirigeants maghrébins, le département d'Etat US nuance les propos utilisés dans la question de la démocratisation en déclarant : “Une partie du programme de M. Powell en Afrique du Nord consiste à encourager le processus d'ouverture, de démocratisation en cours dans chacun de ces pays de différentes manières.” Les droits de l'Homme ne seront pas oubliés, après la doléance formulée par l'ONG Human Right Watch auprès du chef de la diplomatie US. La lutte contre le terrorisme, devenue la première priorité de Washington, sera également examinée par le secrétaire d'Etat US avec les Algériens. L'économie sera au centre des discussions, car le marché algérien est devenu un centre d'intérêt pour le commerce américain. Là aussi, les States entendent aller vite pour ne pas se faire distancer pas les Européens. Il y a lieu de constater que la visite du secrétaire d'Etat américain intervient en même temps que celles du président français, Jacques Chirac, à Tunis, et du président portugais, Jorge Sampaio à Alger, et surtout du déroulement en Tunisie de la rencontre du groupe du “dialogue 5 + 5” rassemblant cinq pays européens de la rive nord de la Méditerranée et cinq autres de la rive sud. C'est dire que la tournée est bien planifiée dans le temps pour rivaliser avec le Vieux Continent dans cette région du monde, dont l'emplacement stratégique n'a jamais été négligé par les Etats-Unis. K. A.