Le Premier ministre éthiopien, Meles Zenawi est décédé hier après une courte maladie Le vice-Premier ministre va assurer l'intérim du pouvoir dans ce pays allié de Washington dans la lutte contre l'islamisme dans la Corne de l'Afrique, une région instable. Le Premier ministre éthiopien Meles Zenawi, poids lourd parmi les dirigeants africains, au pouvoir depuis deux décennies, est décédé à l'hôpital dans la nuit de lundi à mardi, a annoncé le gouvernement éthiopien. Le vice-Premier ministre va assurer l'intérim du pouvoir dans ce pays allié de Washington dans la lutte contre l'islamisme dans la Corne de l'Afrique, une région instable. «Le Premier ministre Meles Zenawi est décédé hier soir aux environs de minuit», a précisé hier matin le porte-parole du gouvernement Bereket Simon. Il se trouvait «à l'étranger», a-t-il poursuivi sans plus de détails. M.Meles, âgé de 57 ans, n'avait plus été vu en public depuis juin et son état de santé faisait l'objet de nombreuses rumeurs. En juillet, des sources diplomatiques à Bruxelles avaient indiqué que M.Meles était hospitalisé dans la capitale belge et qu'il se trouvait dans un état critique. «Il récupérait bien mais tout d'un coup il s'est passé quelque chose et il a dû être emmené d'urgence en unité de soins intensifs et ils n'ont pu le maintenir en vie», a ajouté hier M.Bereket, sans donner de précision sur la maladie dont souffrait le Premier ministre. Le porte-parole a ajouté un peu plus tard en conférence de presse que M.Meles se débattait avec ses problèmes de santé depuis un an. Mais «l'une des meilleures choses avec lui, c'est qu'il ne s'est jamais considéré comme malade et qu'il était prêt pour le travail tout le temps, tous les jours, tous les soirs», a-t-il ajouté. Le vice-Premier ministre Hailemariam Desalegn va désormais assurer l'intérim, a-t-il encore déclaré. «Conformément à la Constitution éthiopienne, le vice-Premier ministre devra aller devant le Parlement et prêter serment», a-t-il expliqué, ajoutant que le gouvernement faisait en sorte que le Parlement soit convoqué «le plus vite possible». «Je vous garantie que tout est stable», a encore dit M.Bereket. Ces dernières semaines, le gouvernement éthiopien s'était voulu rassurant sur l'état de santé du Premier ministre. Mais depuis l'annonce de l'hospitalisation de M.Meles à Bruxelles par des sources diplomatiques sur place, l'incertitude régnait sur qui était actuellement, effectivement, aux commandes dans le deuxième plus peuplé des pays d'Afrique sub-saharienne. La date des funérailles de M.Meles n'a pas encore été précisée. «Le processus des funérailles se déroulera selon un plan préparé par un comité qui travaille là-dessus», a indiqué M.Bereket, précisant seulement que le pays serait en «deuil national» jusqu'à ces funérailles, «en souvenir du Premier ministre». Meles Zenawi dirigeait l'Ethiopie d'une poigne de fer depuis qu'il avait pris le pouvoir en 1991 à la tête d'une guérilla qui venait de faire tomber le régime du dictateur Mengistu Hailé Mariam. Cet homme austère était entré dans le club fermé des dirigeants africains en poste depuis plus de deux décennies après une victoire écrasante aux élections de 2010 - il avait alors raflé 99% des voix. Et il incarnait à lui seul le pouvoir dans son pays, dont il avait fait au fil des ans un allié-clé des Etats-Unis dans la lutte contre l'extrémisme islamiste dans la Corne de l'Afrique. En juillet, quand avait été évoquée l'hospitalisation de M.Meles à Bruxelles, une source diplomatique avait souligné que sa disparition aurait de sérieuses conséquences pour cette région très instable. «Il a su imposer son autorité à ses voisins», et il est «un pôle de stabilité entre le Soudan, l'Erythrée et la Somalie», avait expliqué la source. Les mandats de M. Meles ont notamment été marqués par une guerre frontalière très meurtrière avec l'Erythrée voisine entre 1998 et 2000 et deux interventions militaires en Somalie - la première de fin 2006 à début 2009, la deuxième depuis fin 2011 contre les insurgés islamistes shebab.