Les attentats, qui ont secoué la Turquie les 15 et 20 novembre, faisant 54 morts (majoritairement musulmans) et près de 750 blessés, ont ravivé la peur en France. Revendiqués par Al-Qaîda, ces actes ont mis l'Europe dans la ligne de mire. L'Italie a déjà payé un tribut en Irak. Le patron de la DST, le service de contre-espionnage et de contre-terrorisme français, Pierre de Bousquet de Florian, a déclaré à l'hebdomadaire L'Express que la France a déjoué plusieurs attentats sur son sol. Revenant sur la nature de la menace qui pèse sur son pays, il en dénombre trois : la première est la montée du salafisme dû à la tentation de retour aux origines de l'Islam. «Cela se traduit par un enfermement communautaire, un venin mortel pour notre société laïque et intégratrice», déclare le patron de la DST. La deuxième est liée à la situation algérienne. Le même responsable affirme qu'un nouvel émir du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (Gspc) s'est imposé cet été en Algérie. Nabil Sahraoui serait favorable à l'exportation du terrorisme. La troisième menace est liée â l'Irak où des jeunes musulmans veulent aller faire le djihad. La DST détient 79 djihadistes. Ils seraient quelques centaines de français d'origine musulmane à faire ou à être candidats pour le voyage dans le Caucase. La majorité a ou aspire faire le voyage pour la Tchétchénie. «Le risque est grand de se voir confronté à l'émergence et au retour vers l'Europe d'une ‘‘troisième génération'', après les générations bosniaque et afghano-pakistanaise. Cette dernière fournit toujours l'essentiel des terroristes arrêtés ces dernières années», explique Pierre de Bousquet de Florian. Si la France n'a pas été touchée sur son sol depuis les attentats de l'été 1995, quelques-uns de ses ressortissants ont été attaqués à l'étranger, comme à Karachi, à Bali, à Djerba et à Casablanca. Les apprentis terroristes ne restent pas inactifs dans l'Hexagone. L'Express affirme que des camps d'entraînement ont été organisés à proximité de Paris. C'est dans la forêt de Fontainebleau qu'un groupe d'activistes s'est préparé militairement. Ces entraînements se déroulaient à main nue et avec des arbalètes. Les «soldats», sans uniforme, simulaient des corps à corps, des chasses à l'homme ou des assauts avec des baïonnettes de kalachnikov. Les stages se sont également poursuivis en haute montagne dans les Alpes. Interrogé sur la radio France Inter, le ministre français de la Justice, Dominique Perben, n'a pas pu expliquer comment ces entraînements ont pu avoir lieu. Le ministre s'est contenté de déclarer: «Nous sommes en guerre.» Le responsable de la DST affirme qu'une attaque chimique a été déjouée les 16 et 24 décembre 2002, avec la découverte de deux groupes à la Courneuve et à Romainville, dans la banlieue nord-est de Paris. Ils auraient envisagé de s'attaquer à la représentation russe à Paris. «Il ne faut pas s'y tromper: les islamistes nous incluent dans leur détestation de l'Occident et de ses ‘‘croisés''. La menace est persistante.»