Coïncidant avec la deuxième journée de l'Aïd El Fitr, la célébration de cette date symbole dans l'histoire récente de l'Algérie a été reléguée au second plan. Même les rituels recueillements sur les tombes des martyrs n'ont pas drainé la grande foule. Les habitudes religieuses seraient-elles en passe de faire de l'ombre aux événements historiques du pays? Serait-ce la perte de repères? Ces questions se posent légitimement eu égard au constat fait à l'occasion du 56e anniversaire. Même la télévision nationale avec ses quatre chaînes n'en a pas fait un cas particulier. Le peu de chose, qui a été dit sur ces chaînes de télévision à propos de ce double anniversaire, a porté beaucoup plus sur l'aspect militaire et les actions héroïques au Nord-Constantinois. L'aspect politique, qui s'est matérialisé à travers la tenue du Congrès de la Soummam, n'a pas suscité d'intérêt tant dans les commentaires que dans les reportages diffusés. Sur le terrain, très peu d'activités ont été organisées. Serait-ce une exception du fait de la coïncidence avec l'Aïd? Ou s'agit-il d'un autre regard porté sur la Révolution et ses dates phares? Toujours est-il que la manière dont a été célébré l'anniversaire du Congrès de la Soummam s'invite comme un sujet de réflexion quant à la tournure que prennent les événements. Le même état d'esprit avait caractérisé la célébration du Cinquantenaire du recouvrement de l'Indépendance. Un cinquantenaire qui, de l'avis même d'un haut responsable du pays, était un échec en dépit des sommes colossales débloquées pour la circonstance. L'objectif visant à raviver la fibre patriotique à l'occasion ne s'est pas produit. Conséquemment, la fête a certes, eu lieu tout juste dans un décor sans âme et loin de constituer un moment de recueillement avec ses particularités. La célébration de ces deux événements a illustré parfaitement l'état d'esprit des Algériens. Un état d'esprit complètement décalé par rapport aux idées reçues. Il en faut beaucoup plus que les feux d'artifice pour réanimer la fibre patriotique chez le simple citoyen qui reste malmené au quotidien. Le coeur n'est pas et il ne sera pas encore longtemps tant que toutes les facettes d'un quotidien difficile ne sont pas levées. Comment voulez-vous que l'Algérien ait le coeur à la joie et au recueillement lorsqu'il constate désabusé que le prix de la simple pomme de terre est passé du simple au double en 24 heures? Comment espérer le patriotisme chez un Algérien lorsqu'il éprouve tout le mal du monde à habiller son fils pour les fêtes de l'Aïd et la rentrée scolaire? Les problèmes sont si nombreux qu'il reste très, très peu de temps pour penser au Congrès de la Soummam ou encore que l'Algérie est indépendante depuis maintenant 50 ans, d'autant plus que la culture d'aimer son pays et son histoire a toujours été le parent pauvre dans le système éducatif national.