Les festivités de la date symbole du 20 Août 56 étaient, hier, loin de ressusciter l'espoir chez une population visiblement désabusée. Contrairement à l'année précédente, la célébration du 46e anniversaire du Congrès de la Soummam a été caractérisée, cette année, par une démobilisation criante et les premiers germes d'un malaise qui mine le mouvement citoyen né des événements douloureux du printemps noir. Les festivités de la date symbole du 20 Août 56 étaient, hier, loin, très loin de ressusciter l'espoir chez une population visiblement désabusée et qui, à travers son absence aux différentes actions, a voulu surtout montrer son mécontentement quant à la tournure prise, ces derniers temps, par les événements. La défection des uns et les tentatives de récupération des autres ont fait que «rien ne sera plus jamais comme avant», disent, en substance, les citoyens qui refusent «d'être l'otage des enjeux politiciens». La jonction, symbolique, voulue pour la circonstance entre la génération d'hier, qui a libéré le pays du joug colonial, et celle d'aujourd'hui, qui se bat pour des idéaux démocratiques a, certes, eu lieu, mais pas dans les circonstances souhaitées. Un sentiment qui ressort des propos de certains animateurs qui cachaient mal leurs appréhensions. La foule des grands jours ayant fait défaut, c'est tout un mouvement citoyen qui montre, peut-être, ses limites et qui commence à encaisser les conséquences d'une gestion défaillante de l'organisation et de l'information. Plus grave encore, les prémices d'une division prennent forme. La coordination locale d'Ouzellaguen, censée être à l'avant-garde, a tout simplement brillé par son absence dans l'organisation qui, une fois de plus, a fait défaut, une opposition, basée sur le fait qu'«il ne faut pas politiser cette date historique» a même vu le jour à cette occasion. Il faut dire que le FFS est pour beaucoup dans cet état de fait. Les conséquences de sa participation au prochain scrutin des locales se font déjà jour avant même qu'il prenne son bâton de pèlerin. Ainsi donc et comme il a été décidé lors du dernier conclave de l'interwilayas, les animateurs du mouvement citoyen s'étaient retrouvés la veille du 20 août dans la maisonnette ou s'est tenu le Congrès de la Soummam. Au cours de cette veillée, ils ont tenu un miniconclave pour s'entendre sur les modalités techniques de l'action d'hier, écouter le compte rendu de la délégation de l'interwilayas en contact avec les partis politiques et rédiger une déclaration de circonstance. Hier, cette même délégation s'est recueillie aux carrés des martyrs de la Guerre de Libération nationale et ceux du printemps noir 2001 en présence un millier de personnes venues des différentes régions de Kabylie. La procession humaine s'est ensuite ébranlée vers le stade communal, situé à quelques encablures du centre-ville pour un meeting populaire. Devant une assistance moyenne, les délégués des structures du mouvement citoyens sont, tour à tour, intervenus pour rappeler la nécessité de se mobiliser, d'unifier les rangs pour poursuivre le combat jusqu'à «la satisfaction de la plate-forme d'El-Kseur scellée et non négociable». Les intervenants n'ont, par ailleurs, pas manqué de décocher des flèches à l'endroit du FFS, accusé «de trahir la mémoire des martyrs», et d'«allié du pouvoir...». Les orateurs, dont le langage prend de plus en plus des allures de virulence, ont appelé au boycott des élections rejetées par la structure du mouvement citoyen, en l'occurrence l'interwilayas et ce, en présence de certains représentants. On citera Abdenour Abdeslam du MAK, Ferdjellah du RCD et d'autres du MDS et Djarainouna. Dans une déclaration rendue publique pour la circonstance, les animateurs du mouvement citoyen rendent hommage «aux artisans et organisateurs du Congrès de la Soummam», en précisant que «le choix de cette date et ce lieu symbolique répondent à l'exigence du mouvement quant à la réappropriation de notre Histoire confisquée par les tenants du pouvoir illégitime qui en a travesti l'esprit et la portée». Plus loin, les rédacteurs évoquent la plate-forme d'El-Kseur: «Le mouvement citoyen s'est doté d'une plate-forme de revendications...ont une partie des aspirations figurait déjà dans celle de la Soummam qui a consacré le principe de la primauté du civil sur le militaire» avant de rappeler enfin que «le mouvement citoyen oeuvre pour la satisfaction pleine et entière de la plate-forme d'El-Kseur, véritable rupture avec le système rentier, corrompu et corrupteur».