Les Algériens qui ont besoin d'être rassurés sur ce que leur réserve le lendemain, n'ont plus de repères Le gouvernement garde un étrange silence sur les crises successives et cette avalanche d'épreuves qui ont marqué le Ramadhan et l'été 2012 et rendu infernal le quotidien des Algériens. Ramadhan tire sa révérence, laissant derrière lui les mêmes besoins, les mêmes interrogations et surtout les mêmes erreurs. Même si, en cette rentrée sociale qui s'annonce moins chaude que la précédente, le climat sera plus clément, la mercuriale plus «généreuse» et le front social plus apaisé, il reste que tout le monde attend avec impatience les premières réunions des Conseils des ministres et du gouvernement. Le gouvernement est-il encore en vacances? C'est à croire, tant leurs compatriotes ne trouvent pas d'écho à leur détresse. En plus d'avoir déboussolé les Algériens, ces événements risquent, en effet, de déboucher sur une radicalisation des mouvements de protestation qui ont pris naissance, çà et là, à travers l'ensemble du territoire national. Des manifestations sporadiques certes, mais assez violentes qui ne sont que des signaux de leur désarroi. De leur détresse économique et sociale, de leur quotidien qui est en train de se transformer en un mal-être dont la prise en charge tardive peut exacerber une paix sociale déjà bien fragile qui n'a pu être maintenue qu'à coups de milliards de dinars. Les Algériens, qui ont besoin d'être rassurés sur ce que leur réserve le lendemain, n'ont plus de repères. Le pays continue à fonctionner avec un gouvernement dont six ministères et non des moindres (enseignement supérieur, emploi, travaux publics...) sont toujours en attente de leurs locataires alors que la rentrée sociale pointe le bout de son nez, leur pouvoir d'achat a été laminé sans que la hausse des prix des produits de consommation (légumes, viandes, céréales, produits laitiers...) ne soit endiguée, les coupures de courant persistent, la sécheresse fait craindre une hausse des coûts des céréales, voire de celle du pain... Des sujets sur lesquels le gouvernement ne s'est pas exprimé. Le silence dans lequel il se mure, alors que les consommateurs ont été confrontés à une flambée des prix des plus féroces, des coupures de courant et des délestages intempestifs qui ont conduit à des débuts d'émeutes...s'apparente à une démission au sens strict du mot. Dire aujourd'hui que l'Exécutif navigue à vue revient à dire une lapalissade. Les Algériens sont loin d'être rassurés à propos de leurs préoccupations quotidiennes. Une avalanche d'épreuves s'est abattue sur eux. Comme une malédiction. La dernière en date (à l'heure où nous rédigions ce papier, Ndlr) est significative à bien des égards quant à la manière de communiquer et de rassurer de la part de ceux à qui on a confié la gestion des affaires de l'Etat. Les citoyens, qui ne sont pas à une angoisse près, ont appris, à travers un communiqué laconique répercuté par l'APS, qu'un incendie vient de ravager les locaux de l'Hôtel des monnaies. «La BA informe le public que le premier jour de l'Aïd el Fitr, le 19 août 2012, vers 22 heures, un incendie s'est déclaré à l'Hôtel des monnaies. Cet incendie a touché les bureaux des services des études et un espace de transit du papier fiduciaire avant son transfert vers les ateliers de production» nous informe la Banque d'Algérie. Se dirige-t-on vers une pénurie des billets de banque, d'imprimés de documents administratifs...? «La BA informe le public que toutes les dispositions sont prises pour assurer la continuité du processus d'émission de la monnaie fiduciaire», s'est astreint de déclarer en guise de promesse la même source. Nous n'en saurons pas plus. Les jours à venir pourront nous réserver des surprises comme ce fut le cas pour la flambée des prix des fruits et légumes, des viandes... que le ministère du Commerce avait promis de juguler. Entretenir des zones d'ombre autour de ce nouvel «incident» qui vient de frapper en plein coeur un rouage essentiel de l'économie nationale n'est pas fait pour rassurer une opinion publique qui, en principe, doit être informée dans les détails sur ce qui touche à la vie économique sociale et politique du pays...