Quel crédit donner à la menace du gouvernement de licencier les enseignants en grève dès samedi? La cote de nuisance du chef actuel de l'Exécutif, qui avait sans état d'âme mis à la porte des milliers d'ouvriers sans que notre économie daigne se relever, est à la faveur d'une pareille décision. La réalité est tout autre. Ni Ouyahia ni Benbouzid ne peuvent pallier le départ de milliers de pédagogues qui cumulent des années et des années d'expérience. Les menaces redondantes proliférées depuis une semaine sur les ondes de l'Unique vont contre les enseignants grévistes, certes, mais montrent aussi que l'intérêt des élèves est négligé. Benbouzid, au journal de 20 heures, a fait l'éloge des enseignants, il a reconnu la légitimité de leurs revendications mais les accuse d'entraver un droit constitutionnel des enfants à l'enseignement. Et le droit de choisir leurs représentants qui reste un fondement de la Constitution? Les enseignants, qui reprendront sûrement le chemin de l'école au plus tard lundi prochain selon des dires proches des représentants, auront eu le mérite d'avoir mis à nu et dévoilé un gouvernement soucieux de préserver ses relais, ses intérêts. Avant cette grève, aucune source officielle n'a reconnu l'existence de milliers de licenciés chômeurs. Voilà qui est fait et qui n'honore nullement ceux qui nous commandent. Le ministère de tutelle, qui se vante d'avoir pris en charge dès le début les doléances des protestataires, oublie que la télévision n'a fait écho de ce mouvement qu'au bout de la quatrième semaine. En annonçant les mesures prises, le ministre, qui aurait démissionné ailleurs, aura tenté d'induire le parent en erreur en offrant en pâture des personnes dont le seul souci est de vivre dignement. L'enseignant n'a pas besoin de matériel mais de reconnaissance. L'émission diffusée jeudi sur France 2 relative aux conditions de travail des enseignants en France explique clairement la nécessité de prendre en charge sérieusement un secteur plus que vital. Le développement d'une société se mesure à l'équité de sa justice, le bien-être de sa santé et à la valeur de son système éducatif. Ces trois secteurs hélas sont les maillons faibles chez nous.