Il est envisagé que les deux responsables palestinien et israélien se rencontrent la semaine prochaine. Pour quels objectifs ? En effet, les choses demeurent peu claires sur les buts réels des Israéliens qui continuent à traiter le dossier palestinien comme une affaire interne à l'Etat hébreu plutôt que comme un contentieux à caractère international qui engage le devenir des deux communautés arabe et juive. Procédant comme à son habitude, par l'injonction, le chef du gouvernement israélien, Ariel Sharon, met quasiment en demeure le Premier ministre palestinien, Ahmed Qorei, d'accéder à ses desiderata, faute de quoi, il serait amené à prendre des «mesures unilatérales». Ce qui, en fait, constitue la base de la politique de Sharon, dont l'ambition est d'imposer la paix «israélienne» aux Palestiniens, ce qu'il a tenté vainement depuis son accession à la tête de l'Etat hébreu. Au moment où l'on parle de la prochaine rencontre entre les deux responsables palestinien et israélien reste toutefois à savoir de quoi vont bien pouvoir discuter MM.Qorei et Sharon. Ce qui fait que le Premier ministre palestinien insiste pour que cette entrevue soit bien organisée, déclarant à la presse «Comme je l'ai dit (...), je viendrai à cette rencontre. Mais elle se doit d'être bien préparée pour avoir des résultats positifs» indiquant «Nous voulons de sérieuses négociations et pas seulement une rencontre pour elle-même». Certes, mais négocier quoi? Lorsque Israël occupe l'ensemble des territoires palestiniens ( y compris les territoires autonomes réoccupés depuis la venue de Sharon) que son chef du gouvernement n'envisage pas, dans ce qu'il a appelé un «compromis douloureux» (dans le cadre de ses «mesures unilatérales») «l'annexion de tous les territoires palestiniens et que le jour venu, Israël fera évacuer certains secteurs». Secteurs que Sharon s'est gardé de préciser. Ainsi, le mépris et l'arrogance dominent toujours dans les rapports des Israéliens avec les Palestiniens. Et ce n'est pas la meilleure manière de trouver une solution au plus vieux contentieux du monde. La «feuille de route» prévoyait l'érection d'un Etat palestinien à l'horizon 2005. Cependant, outre le fait que ce plan de paix international est en suspens depuis plusieurs mois, sur quel territoire sera édifié l'Etat palestinien eu égard aux restrictions territoriales imposées par Sharon et que la construction par Israël du mur, n'en est pas le moindre obstacle. De fait, à propos du mur, le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, en a dénoncé, vendredi, la poursuite de la construction en Cisjordanie, estimant que la «ligne de sécurité», en cause, «représentait un revers pour le processus de paix israélo-palestinien et une souffrance pour le peuple palestinien». Dans son rapport, M.Annan indique qu'une fois achevé le mur israélien «s'enfoncera jusqu'à 22 kilomètres à l'intérieur de la Cisjordanie et isolera quelque 400.000 Palestiniens» Par ailleurs, un récent rapport de l'Ocha (Bureau de l'ONU pour la coordination des Affaires humaines) précise pour sa part que la construction du mur fera «souffrir quelque 680.000 Palestiniens» de Cisjordanie. Comme quoi négocier une vraie paix entre les deux communautés semble loin d'être à l'ordre du jour des préoccupations des responsables israéliens. Signalons que le Premier ministre palestinien, Ahmed Qorei devait rencontrer hier soir à Amman, William Burns, l'émissaire américain pour le Proche-Orient, pour une prise de contact et de relance de la «feuille de route». Notons que c'est la première entrevue de M.Qorei, depuis sa nomination au poste de chef du gouvernement, avec un haut responsable américain.