La secrétaire d'Etat américaine entame, dès la semaine prochaine, une visite au Proche-Orient. Pour quels objectifs? La tournée annoncée de Mme Rice, dans le Proche-Orient, à partir de dimanche prochain, sera-t-elle la panacée pour une région dont le conflit majeur, le contentieux israélo-palestinien, entre en cette année 2007 dans sa soixantième année?. Il est, en réalité, peu probable que Condoleezza Rice apporte quelque chose de nouveau tant que n'existe pas de volonté politique de dépasser les blocages actuels d'une part, de réviser la manière unilatérale avec laquelle le dossier est pris en charge, donnant la part belle à Israël, d'autre part. En fait, tant que le problème proche-oriental est appréhendé sous le seul angle de la sécurité d'Israël, évacuant par là la nécessité de l'érection de l'Etat palestinien indépendant -auquel s'oppose Israël- il est patent que l'on continuera à tourner en rond sans profit pour la paix dans la région du Proche-Orient, ni pour la sécurité de la communauté israélienne et encore moins favorable à la constitution de l'Etat palestinien. Que va alors apporter Mme Rice, quelles propositions va-t-elle faire pour sortir de l'impasse dans laquelle les tergiversations de la communauté internationale d'une part, l'irrédentisme israélien d'autre part, ont plongé le dossier israélo-palestinien, le rendant ingérable. Or, il apparaît d'ores et déjà que Condoleezza Rice viendra au Proche- Orient les mains vides et ne sera là que pour «consulter» les dirigeants proche-orientaux avec lesquels la secrétaire d'Etat américaine aura des entretiens. Dès lors, les ambitions de Mme Rice demeurent très modestes et se limitent à une simple écoute à ce qu'auront à dire ses vis-à-vis du Proche-Orient. C'est du moins ce qu'a laissé entendre le porte-parole du département d'Etat, Scott McCormack selon lequel la chef de la diplomatie américaine «va consulter les dirigeants de la région et explorer les moyens d'aider les parties à progresser vers la résolution du conflit israélo-palestinien, poursuivre les discussions sur l'avenir de l'Irak et d'autres sujets régionaux». McCormack précise, par ailleurs, «je m'attends à ce que ce voyage soit davantage consacré à la pose de fondations pour d'éventuelles futures actions qu'à la conclusion d'accords précis». Encore! Pourtant, ce ne sont ni les plans de paix, dont le dernier en date celui dit de la «feuille de route», ni les résolutions du Conseil de sécurité, notamment la 242 et la 338, auxquels il suffit de faire se conformer Israël, pour envisager de sortir quelque peu du bourbier proche-oriental entré dans sa soixantième année, qui manquent. Mais non, 60 ans après le partage de la Palestine historique, l'on nous dit que l'on est toujours au stade de la «consultation». Pour quoi faire, si ce n'est dans le but d'exonérer Israël de ses devoirs tant envers les Palestiniens, dont l'Etat hébreu occupe les territoires, qu'envers les lois internationales, dans les résolutions onusiennes, qu'Israël a toujours foulées du pied. Les Etats-Unis qui veulent étendre leur hégémonie sur le monde ne font pourtant rien pour solutionner l'un des plus vieux contentieux du monde, ni ne se donnent les moyens de contraindre leur allié israélien à moins d'arrogance et à plus de réalisme en se conformant au droit international. De fait, le président George W.Bush, depuis sa «vision» et l'appel en 2003 à la création de deux Etats, Palestine et Israël, semble s'être totalement désintéressé de la question ne faisant rien pour accélérer la solution du contentieux alors que l'intransigeance d'Israël -avec singulièrement la poursuite de l'implantation de colonies juives en Cisjordanie et à El Qods occupées- n'est guère un gage de l'aboutissement prochain du conflit ou que celui-ci se trouve sur la bonne voie. Cela d'autant plus que le fil du dialogue est rompu entre Palestiniens et Israéliens depuis plus de deux ans, alors que le fossé s'est encore creusé entre les deux parties depuis l'arrivée du Hamas au pouvoir dans les territoires palestiniens occupés. Or, alors que la «communauté internationale», et encore moins le Quartette, ne font aucun effort ou pression sur Israël pour l'amener à admettre l'édification de l'Etat palestinien, le Quartette (USA, UE, Russie et ONU) a, en revanche, organisé le boycott du Hamas pour le contraindre à reconnaître l'existence d'Israël, à renoncer à la violence et à respecter les accords passés (entre l'OLP et Israël). Evidemment, cette manière de faire a eu des conséquences dramatiques sur le peuple palestinien quasiment asphyxié par le boycott financier imposé à l'Autorité palestinienne. Israël, qui continue de piétiner les résolutions de l'ONU et les plans de paix internationaux, qui poursuit son implantation dans les territoires palestiniens occupés, en vue de changer la donne géopolitique en Cisjordanie, n'a jamais, a contrario, été contraint à mesurer ses initiatives et à respecter l'homogénéité des territoires palestiniens. Tous les efforts de la «communauté internationale» sont dirigés contre les Palestiniens desquels on attend encore plus de concessions de leur part alors que rien n'est, dans le même temps, exigé d'Israël maître des lieux. Dès lors, la tournée de Mme Rice au Proche-Orient risque fort de n'être qu'une parodie de plus sans conséquence sur le conflit israélo-palestinien qui perdure, répétons le, depuis le partage par le Conseil de sécurité de l'ONU -résolution 181 II, du 29 novembre 1947- de la Palestine. Aussi, si Condoleezza Rice n'a pas de nouveaux projets pour sortir de l'impasse à quoi cette visite au Proche-Orient va-t-elle servir? On se le demande!.