Les commanditaires entendent, par ce coup de force, rompre avec la politique de Hattab. Trois jours après l'attaque contre le convoi des dignitaires séoudiens, au sud de Djelfa, il semble que l'on s'achemine vers l'identification des auteurs de ce coup de force qui a coûté la vie à Talal Ibn Abdelaziz, le dignitaire et poète saoudien, et causé la blessure de ses compagnons, l'émoi de la famille royale hachemite et la gêne incommensurable du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, grand hôte des notables d'Arabie depuis son investiture. Selon une source sécuritaire, la période des grands froids qui s'abat actuellement sur la région des Ouled Naïl - la nuit - ne laisse que très peu de chances aux assaillants du cortège saoudien pour sortir indemnes du guêpier dans lequel, ils se sont fourvoyés. La décision de se débarrasser du fils aîné de Talal, 15 ans, ainsi que de deux autres Saoudiens, enlevés dans un premier temps, juste après l'attaque-surprise, laisse supposer que les auteurs de l'attentat étaient à court d'alternatives et qu'ils avaient préféré «lâcher du lest» pour pouvoir fuir rapidement. Les monts Boukhil représentaient, jusqu'à une époque récente, le fief par excellence des GIA locaux. La chaîne de montagnes rocailleuse de Bahrara permettait, elle aussi, des incursions épisodiques du temps d'Abou Talha El Djanoubi, un natif de Laghouat, et qui fit de Djelfa, Laghouat et Messaâd autant de caches sûres pour ses troupes. Aujourd'hui, et à la lumière de cette brusque reparution d'un groupe armé dans la région, il faut regarder du côté du Gspc. Seule cette organisation peut, à partir de Bouira et M'sila, déborder sur les Hauts-Plateaux naïlis. Aussi, ne le perdons pas de vue, le chef de la katibat de M'sila n'était autre que Nabil Sahraoui, avant d'être destitué, en fin 2000, par Hattab Hassan, l'émir national du Gspc, au profit de «Abderezak le Para» qui activait à l'est du pays. Par la suite, les deux chefs avaient pactisé contre leur émir, tandis qu'«Abderezak le Para» s'acoquina avec Mokhtar Belmokhtar pour investir le Grand Sud, Nabil Sahraoui, natif de l'Est, tout comme «le Para», tenta de soulever les maquis de cette région comme l'émir suprême du Gspc. Y réussit-il? En l'absence d'éléments de réponses fiables, il semble bien qu'il ait réussi à «retourner» les maquis de Tébessa, Annaba, Batna, Jijel, El Milia et M'sila. Toutefois, il semble tout aussi sûr que les maquis de la Kabylie restent toujours rattachés à Hattab, qui a réussi, dès le début, à y placer ses hommes les plus sûrs, ses proches et ses alliés. Voilà donc, ce qui semble déterminer la lutte des chefs de katibate par coups médiatiques interposés. Car, si Amari Saïfi, le «Abderezak le Para» du Gspc, réussit l'exploit de kidnapper 32 touristes européens, de quitter le territoire algérien indemne d'un maillage sécuritaire qui l'avait coincé à Tamerlik, d'entrer au Mali, pour enfin, y libérer les 15 derniers otages retenus, au terme d'un feuilleton à suspense exceptionnel, pour Nabil Sahraoui, qui aspirait à l'émirat suprême du Gspc, tout restait à faire. Le «coup de Messaâd», sans être de l'envergure de celui d'«Abderezak le Para» pouvait donner du poids à Nabil Sahraoui. Y a-t-il participé personnellement? Rien n'est moins sûr, d'autant plus que la zone d'opération ne présentait pas de refuges sûrs, ni de routes rapides pour revenir à M'sila puis vers les maquis de l'Est. La guerre interne du Gspc peut, à court terme, fragmenter l'organisation en groupes distincts, et qui donc, à l'instar de l'atomisation du GIA, donner naissance à des structures affaiblis, aux contours et aux objectifs politiques mal définis.