C'était le temps des fleurs... C'est ce qu'a laissé entendre, le 25 août 2012, le secrétaire général de l'ONU au souverain marocain au cours d'une conversation téléphonique à l'occasion de la fête de l'Aïd El Fitr. Ban Ki-moon ne lâchera pas son représentant personnel pour le Sahara occidental. Christopher Ross continuera à arbitrer les négociations entre le Maroc et le Front Polisario. Le SG de l'Organisation des Nations unies a indiqué que «les Nations unies n'avaient pas l'intention de modifier les termes de leur médiation, dont l'objectif est de promouvoir une solution politique au conflit acceptable par les deux parties», souligne un communiqué de l'ONU. Le SG de l'ONU n'a pas cédé d'un pouce aux injonctions de Rabat. Il a «réaffirmé que son émissaire personnel et son nouveau représentant spécial (pour le Sahara occidental) rempliraient leurs mandats respectifs, en faisant avancer le processus de négociations, en s'efforçant d'améliorer encore les relations algéro-marocaines et en supervisant les activités de maintien de la paix dans la région, conformément aux résolutions de l'ONU», souligne la même source. Le Maroc avait jugé que l'envoyé spécial de l'Organisation des Nations unies avait franchi la ligne jaune et a décidé de lui retirer sa confiance de façon unilatérale après qu'il ait remis un rapport qui dénonçait l'extraction d'aveux de Sahraouis, sous la torture, par les forces marocaines et mettait en exergue les difficultés rencontrées par la Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental (Minurso). «Les comportements contrastés de M. Ross s'écartent des grandes lignes qui ont été tracées par les négociations au Conseil de sécurité. Pour cela, le Maroc a décidé de retirer sa confiance à l'émissaire de l'ONU au Sahara occidental», avait indiqué dans un communiqué daté du 17 mai le gouvernement marocain pour expliquer sa décision. Il faut souligner que la toute récente déclaration du SG de l'ONU intervient dans le sillage de la tournée qu'effectue depuis vendredi et jusqu'au 31 août la présidente de la fondation Robert-Kennedy pour la justice et les droits de l'homme, Mme Kerry Kennedy, à la tête d'une délégation de quatre ONG et une juge à la Cour interaméricaine des droits de l'homme, dans les territoires occupés du Sahara occidental et dans les camps de réfugiés sahraouis. Une visite qui a pour mission d'«attirer l'attention de la communauté internationale sur cette question et appuyer la dotation de la Mission de l'ONU pour l'organisation d'un référendum d'autodétermination au Sahara occidental (Minurso) d'un mécanisme pour la surveillance et la protection des droits de l'homme» au Sahara occidental, a fait savoir Mme Kennedy qui siège aussi au conseil d'administration de l'Institut des Etats-Unis pour la paix qui oeuvre pour prévenir et mettre fin à des conflits violents dans le monde. Le Royaume est sur le qui-vive. Rabat redoute de se faire à nouveau épingler sur la question des droits de l'homme au Sahara occidental. «Nous attendons des organisations internationales, que ce soit la fondation Robert Kennedy ou autres, de développer une vision objective, impartiale et réelle tant pour les provinces du sud du Royaume que pour les camps de Tindouf, aux fins d'une solution politique durable et définitive du conflit artificiel autour du Sahara», a déclaré Mustapha El Khalfi, le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement. Une sorte de riposte qui indique que Rabat campera sur ses positions. La question du Sahara occidental qui sert aussi à faire diversion quant à la situation économique préoccupante qui prévaut au Maroc, est, semble-t-il, pourtant, en train de rendre son dernier souffle. Il faut faire remarquer que le gouvernement marocain l'a utilisée à toutes les sauces. Elle a servi d'alibi au retard que connaît la construction du Maghreb qui a été conditionnée par l'ouverture des frontières terrestres avec l'Algérie comme elle a été exploitée pour diaboliser le Front Polisario et à entretenir l'amalgame entre le dossier sahraoui et la crise qui sévit au Sahel et ses prétendues connexions avec le terrorisme international. L'intervention de Ban Ki-moon tombe à point nommé pour remettre sur les pieds ce qui marchait sur la tête et inviter le Makhzen à bien se regarder dans la glace...